"La diversité est positive"

Quelques mots sur votre parcours professionnel ?

Elke : Je suis ingénieur en physique appliquée. J’ai commencé chez ELECTRABEL en Sûreté nucléaire. J’occupais une fonction d’auditeur plus que d’ingénieur technique et au bout de quelques années, la technique m’a manqué. Je suis passée chez  LABORELEC, en tant que chef de l’équipe « non destructive testing », les contrôles non destructifs. 
Depuis deux ans, j’occupe la fonction d’Innovation manager chez LABORELEC. C’est une nouvelle fonction transversale où j’ai toute liberté pour créer une équipe et une activité qui n’existaient pas avant. C’est très intéressant !

Pourquoi avoir choisi le secteur de l’énergie ?

Elke : Savoir comment on crée l’énergie m’a toujours intriguée. En tant qu’ingénieur, c’est un secteur dans lequel je peux vraiment faire changer les choses. En plus ma formation en physique appliquée me permet d’être très proche de la base de la création de l’énergie, qu’elle soit nucléaire, à partir de gaz ou solaire. 

Pour vous, être une femme dans ce secteur est-ce plutôt un atout ou un handicap ?

Elke : Je pense que c’est un peu les deux. Sur un site  nucléaire il y très peu de femmes. A la centrale nucléaire de Doel, toutes les femmes sont connues de tout le monde. Même maintenant, chez LABORELEC nous sommes 20 %. Ce n’est pas beaucoup. 
C’est un avantage quand tout le monde te reconnaît. Dans des environnements très industriels, les hommes sont fiers d’expliquer comment cela fonctionne. Je peux jouer la naïve et dire : « je ne comprends pas » et je sais qu’ils vont prendre la peine de tout m’expliquer. En revanche, je suis quand même toujours confrontée à certains préjugés : je suis jeune, je suis une femme. On me considère toujours comme un « junior ». Parfois, j’ai l’impression que mes collègues hommes sont vus comme plus sérieux du seul fait d’être des hommes.
En revanche, je suis convaincue que les femmes ont une autre vision, que ce soit pour les réunions, l’organisation ou le management et que cette diversité est positive. 

Comment voyez-vous le futur de l’énergie et le monde de demain ?

Elke  : Nous allons vers un monde où l’on sera tous beaucoup plus conscients de tout ce qu’on fait, que ce soit la production d’énergie, ce qu’on mange, ce qu’on utilise et achète. Avoir la possibilité de choisir l’option la moins polluante va forcément impacter les décisions et les comportements.
Pour l’énergie, le monde va changer très vite. Moins de monopoles, beaucoup plus de petites sociétés, des entreprises disruptives, des façons de faire tout à fait différentes. Rester compétitif impliquera  d’être imaginatif, innovateur et de tenir compte d’autre chose que du simple business.
Dans un monde de plus en plus agile et divers, chaque employé pourra choisir la société qui lui plaît le plus et les entreprises devront en tenir compte pour garder les meilleurs.

Pour vous, les femmes ont-elles un rôle spécifique à jouer pour la neutralité carbone ?

Elke  : Je pense que les femmes sont plus ouvertes, moins traditionnelles et plus disposées à tester de nouvelles solutions. Je peux donc imaginer qu’une femme est mieux adaptée à un monde de plus en plus agile, divers et dynamique. 
Les femmes font les choses d’une manière plus pragmatique.. Je ne sais pas si c’est lié à la responsabilité parentale qui leur est souvent dévolue (malheureusement) : devoir être à la maison à une certaine heure, aller chercher les enfants le soir oblige à être plus efficaces et à terminer les réunions à 5 heures. En somme, faire le même boulot en moins de temps. 

Un projet dont vous êtes spécialement fière ?

Elke : Le projet Columbus, un projet mené la BU Generation et STORENGY. C’est un projet de capture de carbone qui permet de combinaison du CO2 "fatal" capté lors de la production de chaux avec de l'hydrogène vert pour produire du méthane synthétique neutre en carbone (e-méthane). Techniquement c’est un vrai défi ! 
Mon rôle était de créer un nouveau business model pour nos compétences techniques chez Laborelec. Nous avons des experts de différentes technologies et beaucoup d’expérience sur la soumission de dossiers de subventions, au niveau européen ou national.  J’ai développé ce nouveau modèle dans lequel nous aidons les grands projets et les autres sociétés du Groupe à soumettre leurs projets à divers fonds. Columbus est le premier projet pour lequel cela a marché ! D’autres sont en cours maintenant.
Je suis très fière d’avoir été une des pièces du puzzle qui a fait que cela a démarré. Et c’est vraiment motivant de savoir qu’ENGIE participe à des projets très verts

Avez-vous un message à faire passer aux autres femmes ?

Elke : J’adore la technique, l’ingénierie. Je trouve bizarre que, dans le passé, ces secteurs aient été plutôt réservés aux hommes. Il n’y a certainement aucune raison pour laquelle une femme serait moins capable !
Il faut plus de femmes à tous les niveaux pour casser les derniers plafonds de verre. Personnellement, je crois que les femmes auront un rôle décisif dans les business models de demain qui imposeront d’être plus agiles, plus réactifs et prenant plus en compte les êtres humains.