Gérard Berry, ancien élève de l’École polytechnique et ingénieur général du Corps des mines, ancien directeur de recherche à l’INRIA, a une passion : parler aux objets, pour mieux les faire réagir, avec toujours plus de sécurité et de fiabilité. Pour ce faire, ce pionnier des « objets connectés », comme on les appelle aujourd’hui l’ensemble des entités fonctionnant en réseaux, a une botte secrète : il créé des langages. Ordinateurs, téléphones, télévisions, avions, trains, voitures, appareils électroménagers… Tous le comprennent, l’écoutent et lui obéissent. Même les avions ! Car le premier langage qu’il a élaboré, l’Esterel, spécialisé dans la synchronisation des tâches, a notamment trouvé des applications pionnières dans le domaine de l’aéronautique. Depuis, des entreprises comme Dassault Aviation, ST Microelectronics et Texas Instruments l’ont adopté au cœur de leurs innovations. Et Gérard Berry, jamais à cours de projets, se consacre désormais au développement du HipHop, un nouveau langage adapté cette fois aux systèmes embarqués et dont l’objectif est d’orchestrer les comportements complexes et difficilement prévisibles des réseaux d’objets.
« Il y aura prochainement plus d’objets connectés que de gens sur terre. Nous assistons à une invasion de puces (électroniques ) !» s’amuse à rappeler ce chercheur facétieux, membre de l’Académie des sciences, qui a fait de la pédagogie et de l’humour son arme intellectuelle. Pour des publics aussi divers que les adultes passionnés du Collège de France, où il occupe la première chaire Informatique et sciences numériques créée en 2012, ou pour les jeunes enfants qu’il rencontre depuis de nombreuses année dans le cadre des écoles Montessori, ce chercheur brillant n’a qu’un crédo : le monde devient numérique et chacun devrait, dès le plus jeune âge, être formé à cette science « qui ne se limite pas au clavier et à l’écran d’un ordinateur ». Traitement formel des langages de programmation, relations avec la logique mathématique, programmation parallèle et temps réel, conception de circuits intégrés, vérification formelle des programmes.... Tous ces secteurs d’activités aux noms complexes font désormais partie de notre quotidien, assure ce chercheur multi récompensé qui se reconnaît une source d’inspiration aussi insolite qu’inépuisable : les Shadoks. « Malgré leurs capacités mentales extrêmement limitées, les Shadoks ont une vision extrêmement large de la science, rappelle-t-il. Ce qui prouve que nous pouvons aller très loin ! Et la logique paradoxale des Shadoks pousse notre réflexion dans ses retranchements ! »
Copyright Patrick Imbert/Collège de France
CALENDRIER DES INTERVENTIONS DE GERARD BERRY AU COLLEGE DE FRANCE
De la spécification à la réalisation, au test et à la preuve : les approches formelles (4 mars 2015)
Prouver les programmes et circuits : les méthodes générales (11 mars 2015)
La vérification de modèles (model-checking) : systèmes de transitions, logiques temporelles et exploration d'états (18 mars 2015)
Méthodes explicites en explorations d'états / transitions (25 mars 2015)
BDDs, premier outil pour la vérification implicite de systèmes finis (1 avril 2015)
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