Q - Bonjour Patrick. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre projet ?
Je travaille dans la gestion de gros projets – surtout informatiques - depuis une quinzaine d’années et depuis quelques temps je me suis senti de plus en plus en concerné par la crise écologique actuelle. Je me suis donc spécialisé sur le défi des énergies renouvelables.
Je suis arrivé à la conclusion, assez partagée par les professionnels du domaine, que le challenge le plus complexe aujourd’hui est celui du stockage inter saisonnier de l‘énergie solaire. Il s’agit d’être en mesure de conserver jusqu’à l'hiver des calories facilement accessibles l’été.
Il existe deux solution connues, la pile à hydrogène et le stockage thermique. Aujourd’hui, la pile à hydrogène est nettement trop onéreuse, c’est encore un marché de niche. La seule alternative rentable est le stockage thermique.
Quand j’ai découvert l’appel à projets lancé par ENGIE, j’y ai vu l’opportunité de concrétiser ma reconversion professionnelle dans le secteur de l’énergie et j’ai décidé de monter un projet pour essayer de remporter cet appel à projets.
J’ai donc passé beaucoup de temps à étudier le types de projets innovants qu’ENGIE recherchait et ce que je pouvais proposer d’intéressant à Béthune. Je voulais quelque chose qui soit suffisamment complexe et pointu pour que l’idée n’ait pas encore été émise mais soit réaliste.
J’ai remarqué que Béthune regroupait les ingrédients nécessaires pour créer du stockage thermique d’énergie inter saisonnier, à savoir une surface suffisante pour installer les panneaux solaires, une surface d’eau et des futurs consommateurs à proximité. En effet, plus les consommateurs sont loin plus la déperdition de chaleur est importante, et plus le projet coûte cher en canalisations, qui sont extrêmement onéreuses.
Tous ces ingrédients étaient réunis à Béthune ; j’ai donc développé un business plan, qui était suffisamment élaboré et sérieux pour plaire au jury.
J’ai pu constater que la population béthunoise était vraiment très intéressée par mon idée. Cette Gare d’Eau bénéficie d’une très large biodiversité mais elle est sous-utilisée bien que très proche de la ville. Y injecter un projet écologique et durable permet aux Béthunois de se réunir autour d’un projet porteur de sens et pourrait faire revivre cette zone. En même temps je n’ai besoin pour ce projet que d’1/4 du lac ; le reste du lac (séparé par une berge), continuera à héberger la biodiversité présente.
A la suite des séances de pitch, j’ai pu rencontrer de très nombreux habitants ainsi que des personnalités du monde politique, curieux d’avoir des détails sur mon projet et vraiment motivés à ce que celui-ci se fasse.
Q- Une fois cette première étape brillamment franchie, comment démarre votre projet ? Je sais que vous vous êtes déjà en partie installé à Béthune.
Oui en effet, j’ai demandé à bénéficier d’un bureau dans la mairie, puisque c’est là que seront mes principaux interlocuteurs. Ce bureau mis à ma disposition me permet de travailler le projet directement de l’intérieur, en contact direct avec les parties prenantes.
J’y travaille pour le moment à mi-temps et pour moi c’est une belle collaboration qui démarre.
J’ai pour objectif d’avoir terminé mon étude de faisabilité pour début 2018, puis j’espère m’installer à Béthune pour 2-3 ans, le temps de concrétiser le projet.
Q- Qu’attendez-vous d’ENGIE ?
Le point sensible de ce projet, celui qui va déterminer s’il sera ou non rentable, c’est le réseau de chauffage urbain – et c’est un domaine que je ne maîtrise pas.
Je maîtrise relativement bien tous les aspects de la ferme solaire, ceux du stockage thermique lui-même, à savoir le bassin, mais je ne maîtrise pas du tout le réseau de chauffage urbain qui pourrait se révéler déterminant pour la viabilité du projet. Si c’est trop onéreux, le projet ne sera plus rentable et il faudra trouver une alternative. Je suis donc en demande de la part d’ENGIE d’aide pour identifier les coûts d’un réseau de chauffage urbain – et je sais qu’ENGIE dispose de cette expertise.
La mairie de Béthune souhaite me donner tous les moyens nécessaires pour me permettre d’aboutir dans ce projet, mais il ne s’agit pas d’une aide financière. L’étape suivante sera donc de définir quelle structure aura le projet, qui sera propriétaire de la ferme solaire, du système de chauffage urbain.
Sur ce point aussi, je souhaite m’appuyer sur l’expertise d’ENGIE pour évaluer les différents montages juridiques et financiers que l’on peut imaginer.
J’ai donc besoin d’ENGIE aujourd’hui à la fois pour pallier mes lacunes de connaissance, comme fournisseur puisque j’aurai besoin de 4 hectares de panneaux solaires, et sur le volet chauffage urbain du projet.
Q- Comment vous imaginez-vous dans 3 à 5 ans ?
Dans 3 à 5 ans, j’espère que le projet sera construit et en service. A partir de ce moment, je rêve de le répliquer ailleurs. On trouve ce type de stockage saisonnier dans les pays nordiques (Suède, Danemark) ; il y a eu quelques expériences en Allemagne ou en Autriche, mais en Europe de l’ouest, il n’y en a quasi pas encore.
En savoir plus sur le projet de stockage thermique
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