Lancé fin juin, l’appel à projets clôturé le 12 septembre a été extrêmement fructueux puisque 67 Startups ont répondu, de France mais également d’Angleterre, d’Allemagne, de Belgique et même des Etats Unis. Après d’âpres débats, 6 projets ont été sélectionnés pour défendre leur projet lors de l’événement Smart City "Ma vie, ma ville demain" des 22 et 23 septembre à Béthune :
A l’issue des Pitchs, le jury a nominé 3 lauréats :
Reste désormais le lancement et l’accompagnement des projets et La Mairie, tout comme ENGIE s’organisent en commun aujourd’hui pour accompagner ces 3 startups dans leurs premiers pas sur le territoire béthunois.
Olivier Gacquerre, Maire de Béthune, a bien voulu répondre à nos questions sur la démarche smart city mise en place par la ville, et sur le choix des lauréats.
Q - La ville de Béthune a décidé de relever le défi des changements sociétaux et technologiques actuels par une approche de la smart city qui place le citoyen au cœur de la ville. Pouvez-vous nous dire quels sont les points clés de cette démarche ?
Olivier Gacquerre : Notre ambition pour faire de Béthune une smart city n’est pas de dupliquer ce qui fonctionne dans les grandes villes mais bien de partir d’une vision macro à l’échelle des villes moyennes.
Pour nous, cette approche se base sur 2 éléments forts :
Le forum « Ma ville, ma vie demain », les 22-23 septembre derniers, au cours duquel ont été choisis les lauréats de l’appel à projets, a été l’occasion d’emmener avec nous le reste des acteurs de la commune, le monde économique, le monde citoyen, le monde associatif.
Nous avons l’ambition de faire de notre commune un démonstrateur et un terrain de jeu de la smart city de taille moyenne. Dans ce démonstrateur, nous pourrons présenter des solutions qui nous conviennent, tout comme des solutions que nous n’allons pas forcément adopter mais nous sommes partants pour tester, expérimenter, être co-producteurs de solutions que des entreprises pourraient venir essayer et développer par la suite.
Notre but est de faire de Béthune la vitrine de la smart city de taille moyenne et de permettre aux autres villes intéressées de venir voir comment ça fonctionne, « faire leur marché » ou s’inspirer.
Q – GetItDone, le lauréat de l’appel à projets a également reçu le prix du public. Il s’agit d’un projet qui permettra d’utiliser la gare d’eau de Béthune comme espace de stockage d’énergie. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Olivier Gacquerre : Nous sommes très fiers du succès de cet appel à projets, qui nous a permis de retenir 6 dossiers, en correspondance avec nos 7 piliers. Sur ces 6 projets, 3 ont été sélectionnés lors de la séance de pitch.
Get it done est le seul à être venu avec un projet d’investissent chiffré. Cette notion financière a joué en sa faveur. Ensuite, son projet a été pensé spécifiquement pour la ville de Béthune, en se basant sur l’ancienne gare d’eau. Au siècle dernier, Béthune était l’un des principaux ports fluviaux internes et la gare d’eau était l’endroit où l’on venait garer et réparer ces péniches.
La solution proposée par GetItDone permet de donner un sens nouveau à cet espace
. Ce projet nous a séduit car totalement personnalisé. Il ne s’agit pas d’une solution toute faite, mais d’une solution que Patrick van Male, le fondateur de GetItDOne, souhaite bâtir ici, partant du terrain pour arriver à ce que nous souhaitons développer.
En somme, c’est très « smart » de commencer par l’analyse de nos atouts, et à partir de ces atouts, de réfléchir aux objectifs qu’ils pourraient servir.
Le deuxième lauréat, Totem Mobi répond à la problématique de mobilité en centre-ville
qui constitue l’un des aspects importants de la smart city. Il s’agit d’une solution d’auto partage de véhicules électriques.
Le troisième lauréat, Icohup, s’inscrit dans notre ambition de faire de Béthune un démonstrateur de la smart city. Les maires sont de plus en plus soumis à des contraintes liées notamment à la sécurité des biens et des personnes. Les communes doivent établir des PCS (Plan de sauvegarde des biens et des personnes) qui tiennent compte de tous les risques du territoire, y compris technologiques. A l’heure actuelle, tous ces dispositifs se superposent.
Nous avons pensé, grâce à Icohup et ses capteurs connectés, collaborer à l’écriture d’une offre de services à destination, notamment, des villes moyennes, qui pourraient ainsi se doter d’un outil unique. Cet outil permettrait d’alerter et de déclencher des procédures
ou des process, - au bout desquels, j’aimerais voir la création de « réserves citoyennes et communales ».
Un exemple : imaginons une alerte de risque d’inondation par crue. Dans tout le quartier mobilisé, chacun sait ce qu’il a à faire, les mesures à prendre et les actions à engager. Ce projet nous permet de mettre en avant la notion de collaboratif, de contributif, d’imaginer une nouvelle forme de démocratie, une nouvelle façon de vivre la ville. Les citoyens n’attendent plus passivement l’intervention des services de secours, ils sont prévenus en amont des risques, et peuvent se rendre acteurs.
On passe de la consommation (le sauvetage) à la prévention, l’anticipation - avec tous les bénéfices collectifs que l’on peut imaginer. Et dans ce cadre, l’utilisation de capteurs connectés prend tout son sens.
Q- ENGIE, par ses métiers, est un partenaire majeur des villes. Au-delà de cet appel à projet, qu’attendez-vous d’ENGIE dans l’accompagnement de votre ville pour que Béthune devienne une ville durable, intelligente et collaborative ?
Olivier Gacquerre : J’aimerais maintenant aller un peu plus loin avec ENGIE et étudier la possibilité de mettre en place une convention pour travailler sur le sujet majeur qu’est pour moi la mobilité – un cas caractéristique de changement de paradigme.
Bien sûr, la mobilité de demain ne sera pas celle d’aujourd’hui et sera basée moins sur les infrastructures que sur les usages. Mais à l’échelle des villes moyennes, la mobilité est un problème compliqué. Nous devons tenir compte des moyens de transports propres à la ville mais nous avons aussi en charge la connexion entre la ville et sa périphérie. Aujourd’hui l’essentiel de la réponse sur ce point fait appel à l’automobile. Et nos villes commencent à être étouffées par la circulation et le stationnement et à rencontrer des problématiques de grandes villes.
Il faut donc repenser la mobilité à l’échelle du territoire proche, et même pour nous à l’échelle d’une grande région de 6 millions d’habitants, avec plusieurs pôles d’attractivité.
Ce peut être un bon sujet de partenariat avec ENGIE. Ici encore, l’essentiel n’est pas dans le recensement de solutions innovantes mais dans la façon d’aborder la mobilité dans les villes moyennes et leur problématique de conduite du changement. Distinguer ce qui relève de l’infrastructure et ce qui relèvera plutôt de l’usage et du comportement, trouver des réponses aux questions :
Cette vision macro permettrait aussi de ne pas limiter les politiques à l’échelle des échéances électorales
, et d’emmener citoyens et acteurs de la vie locale avec nous, sur d’autres modes de gouvernance, sur des modes de réflexion collectifs et dans la transformation et le changement.
A Béthune, nous avons bien sûr lancé de grands travaux d’infrastructures. Nous avons des projets de bus desservant tout le territoire, la rénovation de la gare, une gare TGV, un projet de TERGV, c’est à dire l’accélération des cadencements sur la ligne du TER, en particulier des liaisons Béthune-Lille, le stationnement intelligent… Autant de sujets de réflexion à mettre en œuvre avec ENGIE, pour faire de Béthune une ville à la fois durable, innovante et collaborative.
Abonnez-vous à la Newsletter ENGIE Innovation