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Entretien avec Csilla Kohalmi Monfils, Directeur de l'Innovation ENGIE Fab
Nouvelles énergies 21/01/2020

Entretien avec Csilla Kohalmi Monfils, Directeur de l'Innovation ENGIE Fab

Engerati est la plus grande communauté européenne de professionnels des services publics et de l'énergie. Ils proposent des analyses du secteur au travers d'articles, d'un blog, de conférences, d'études de cas, de livres blancs et de webinaires.Ils ont récemment interviewé Csilla Kohalmi-Monfils, directrice de l'innovation d'ENGIE Fab, le pôle d'innovation du groupe.

Pour ENGIE l'objectif est le zéro carbone?

Zéro carbone c'est un peu un slogan - on peut y agréger beaucoup de choses. Notre objectif est de construire 9 GW d'actifs renouvelables, ce qui est assez ambitieux par rapport à notre situation actuelle. Seulement 4% de notre production est issue du charbon, et passera à coup sûr à zéro. Mais nous avons toujours du gaz naturel. Pour ENGIE, le gaz est reste indispensable pour permettre de la flexibilité pendant la période de transition. Mais ENGIE a un objectif de "verdissement" du gaz, c'est pourquoi nous avons créé une BU hydrogène et nous travaillons également sur le biogaz.


Nous pensons que l'hydrogène est le vecteur énergétique de l'avenir.


Nous pensons que l'hydrogène est le vecteur d'énergie du futur et nous avons des projets pilotes pour injecter jusqu'à 20% d'hydrogène dans le réseau sans que le client n'ait à changer d'appareil.


Quels services supplémentaires pourrez-vous offrir aux clients une fois le déploiement du compteur intelligent terminé?

La proposition de valeur clé des compteurs intelligents est une meilleure information et donc un meilleur contrôle de la consommation tant pour le client que pour le fournisseur d'énergie.

Grâce à l'analyse des données en temps réel, nos clients peuvent suivre et contrôler leur consommation en temps réel et éviter le choc de la facture à la fin du mois !

Sur la base de ces données, nous pouvons également leur proposer des moyens de réduire leurs dépenses. En France, nous sommes sur le point de déployer une solution B2C qui permettra aux clients de régler leur chauffage selon le budget ou le niveau de confort souhaité. Cela permet également aux clients d'appréhender directement ce que représente un degré supplémentaire en termes de budget mensuel. Il existe aujourd'hui de nouveaux radiateurs électriques intelligents (comme celui de Lancey dans lequel ENGIE New Ventures a récemment investi) qui intègrent déjà cette fonction, ainsi qu'une capacité de stockage. De cette façon, le temps d'utilisation peut être différé du moment de la charge qui peut se faire quand c'est moins cher, voire gratuit.

Pour les services publics, les compteurs intelligents permettent d'améliorer les flux de trésorerie et réduire les coûts de collecte, un des KPI clés d'un fournisseur d'énergie. Un compteur intelligent montre ce qui se passe réellement au lieu de devoir s'appuyer sur des prévisions et des algorithmes. Si vous ne relevez le compteur qu'une fois par an, vous avez un décalage important entre la consommation et le paiement.

De plus, les données que nous pouvons collecter en temps réel nous aident à mieux anticiper la demande et proposer aux clients des incitations à réduire ou déplacer la consommation afin d'optimiser les pics de consommation sur le réseau et la capacité de production. Cette optimisation du système dans son ensemble offre un énorme potentiel d'économies d'énergie et peut éviter de nouveaux investissements dans les infrastructures.


Comment prévoyez-vous d'engager davantage les clients?

Grâce aux applications de surveillance et à d'autres services, nous pouvons sensibiliser les clients sur leurs habitudes de consommation, et les éduquer sur les sources d'énergie électrique / chauffage / refroidissement.

Il y a une prise de conscience croissante de l'importance du changement climatique et donc un intérêt croissant non seulement pour consommer moins, mais aussi pour consommer «vert». Nos offres d'électricité ou de gaz vert sont très populaires, et nous travaillons sur les prochaines étapes de cette révolution, car nos clients exigeront bientôt une traçabilité complète de l'origine de leur énergie.


Comment équilibrez-vous le besoin d'accès aux données pour créer de nouveaux services autour de la flexibilité avec le désir de confidentialité des clients?

Nous ne sommes pas Facebook. Les seules données que nous utilisons sont celles relatives à la consommation d'énergie de nos clients, que ceux-ci ne considèrent pas comme privées. Ce sont des données que nous avons toujours utilisées et qui sont indispensables pour la facturation. Elles sont maintenant utilisées pour donner aux clients plus de contrôle sur leur consommation et leurs dépenses, ce qui est une évolution positive. Nous pouvons également utiliser ces données pour leur suggérer des améliorations en termes d'habitudes, ou les prévenir si leurs appareils domestiques ont besoin d'une mise à niveau. Il s'agit d'un rôle éducatif sur lequel les services publics ont été mandatés par les régulateurs dans de nombreux pays. Grâce à l'utilisation des données, cette éducation peut désormais être plus personnalisée et donc plus percutante et appréciée. Pour les services publics, ce n'est pas nouveau, la question est maintenant de savoir comment tout garder en sécurité.


Les régulateurs vont-ils créer de nouveaux business cases et le bon cadre politique pour les technologies numériques?

Les objectifs environnementaux peuvent aider en créant un besoin de conformité, mais en général, les nouveaux marchés ne sont pas créés par les régulateurs. Les nouveaux marchés apparaissent à la conjonction de nouvelles technologies (numériques ou non) couplées aux besoins des clients.

Le cadre législatif des régulateurs dépend de leur pays. En Europe, la RGPD a été créée en tant que cadre réglementaire global couvrant toutes les industries et se concentrant sur la confidentialité des données. Ceci est essentiel pour toutes les technologies numériques, qui reposent toutes sur des quantités massives de données. Mais la RGPD est aussi une bombe potentielle. Les industriels ont été obligés de se plier à ce cadre et sont peut-être même allés au-delà des besoins des clients jusqu'à la parfois provoquer la frustration de ces mêmes clients. La législation va certainement évoluer au fur et à mesure que nous ferons la part des choses entre les la valeur qu'elle apporte au client et la lourdeur de l'administration et une surprotection pas toujours utiles.

Le fait que certains nouveaux acteurs digitalisés qui n'ont pas à répondre au même contrôle réglementaire pèse lourdement sur les utilities ainsi que dans d'autres secteurs comme la banque.

Certains pays ont une législation très tournée vers l'avenir, comme Singapour, qui a mis l'accent sur le soutien aux nouvelles technologies. D'autres pays ont du mal à maintenir leurs cadres réglementaires en phase avec les technologies actuelles. Les économies émergentes ont la possibilité de ne pas copier-coller les anciens systèmes mais de créer quelque chose de nouveau. Ces pays ont également une population plus jeune, j'ai donc la conviction qu'ils feront la différence. Mais les véritables acteurs de la transition énergétique aujourd'hui sont moins les pays que les villes et les entreprises privées - il s'agit plus un mouvement populaire que de conformité dictée par les régulateurs.


"Ce qui est bon pour notre planète l'est aussi pour les affaires" n'est plus seulement un slogan.


Comment les services publics peuvent-ils pérenniser les actifs à long terme?

Comme nous parlons de technologies numériques, nous ne devons pas oublier que l'énergie est produite et distribuée par des actifs à longue durée de vie. L’accès à ces actifs peut évoluer avec l’émergence de modèles commerciaux «as a service», mais la responsabilité de gérer et de maintenir ces actifs demeure une responsabilité commune. Pour les pérenniser nous devons les préparer à de nouveaux modèles commerciaux, plus de transparence et des sources plus durables.


Quels autres éléments les services publics devraient-ils prendre en compte lorsqu'ils planifient leurs stratégies numériques?

Les services publics sont habitués à tout faire en interne en raison de leur passé de monopole soumis à une réglementation stricte. Avec les technologies numériques, il est impossible de garder ce mode de fonctionnement. Avec la déconstruction des chaînes de valeur, il est essentiel que les services publics s'associent, co-créent, fasse de la place à de nouvelles technologies, trouvent de nouvelles poches de valeur client en dehors de leurs services traditionnels. Les services publics ne sont pas encore très bons pour utiliser les données et en exploiter la valeur. Mais ils doivent accroître leurs compétences  pour tirer le meilleur parti des énormes quantités de données dont ils disposent.


Avez-vous identifié des technologies particulièrement prometteuses?

La blockchain va changer la donne - à mesure que l'énergie se décentralisera et que les clients deviendront des producteurs-consommateurs, la blockchain sera nécessaire pour faciliter l'échange d'énergie entre pairs. Il reste un gros point d'interrogation sur le rôle que les fournisseurs traditionnels d'énergie peuvent jouer dans cette chaîne de valeur.

Source : ENGERATI

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