Pourquoi pas, dès lors, appliquer ce principe au carbone, cet élément que l’on cherche habituellement à faire disparaître ? On pourrait alors envisager de reconvertir ses formes les plus polluantes en matière, et ainsi éviter de les rejeter dans l’atmosphère ou dans le sol.
Une équipe du MIT dont les avancées ont récemment été publiées dans le journal Scientific Advances a en effet découvert que les sous-produits nocifs du carbone pouvaient être réutilisés en tant que composants d’appareils high-tech — leurs propriétés chimiques en faisant des matériaux idéaux pour conduire l’électricité, isoler la chaleur et même agir comme aimant.
La découverte
Ces chercheurs sont parvenus à transformer des matériaux carbonés communs tels que le charbon, le goudron et le bitume en une variété de composants technologiques. Ces matériaux sont aujourd’hui considérés comme de simples sous-produits, destinés à devenir obsolètes dans l’industrie pétro-chimique ; et pourtant, leur structure et composition chimique les rendent plus intéressants que leurs équivalents synthétiques en cela qu’ils jouissent de nombreuses particularités physiques, électriques et magnétiques. Après les avoir transformés, l’équipe est parvenu à les intégrer au sein de divers prototypes : un super-condensateur pour stocker de l’énergie, une jauge de déformation souple et un radiateur transparent.
Grâce à un procédé de « recuit laser », qui consiste à utiliser un laser pour chauffer un matériau, les chercheurs ont réussi à en produire des couches extrêmement fines qu’ils ont ensuite placées sur un substrat — une surface sur laquelle les réactions chimiques peuvent se produire. En sélectionnant les bons matériaux bruts et en faisant varier la durée et l’intensité des impulsions laser, ils ont été en mesure de contrôler leurs fameuses particularités. Les substrats ont ainsi pu être utilisés en tant que composants pour de nombreux types de gadgets et appareils.
Jusqu’à présent, les questions concernant la transition énergétique et les rejets polluants tournaient essentiellement autour de la capture du CO2. La découverte d’un nouveau moyen de recycler les déchets carbonés ouvre la voie vers des alternatives plus utiles et durables. Cette technique de réemploi pourrait également s’avérer moins coûteuses que les méthodes de capture actuelles et donc, à grande échelle, représenter un intérêt financier.