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Bogota en lice pour devenir la smart city la plus intelligente d’Amérique latine
Smart city 25/11/2019

Bogota en lice pour devenir la smart city la plus intelligente d’Amérique latine

Limiter l’appellation « smart city » à l'utilisation généralisée de technologie de pointe, comme des caméras de sécurité ou des feux de signalisation intelligents, serait une erreur. Pour les experts, le concept va bien au-delà : il s’agit d’intégrer des pratiques qui n’ont a priori rien à voir avec la technologie, comme cette idée de « citoyens intelligents » capables d’influer sur un ensemble de facteurs allant de la mobilité à l'environnement. 

Plutôt que de parler de « villes intelligentes », Miguel Gamiño, vice-président exécutif de Global Cities Mastercard, estime qu’il serait plus approprié d’utiliser le terme « urbanisation inclusive ». De son point de vue, parler de « smart city », ce n’est plus seulement se concentrer sur la mise en place d’outils technologiques : c’est également parler de qualité de vie. A Bogota par exemple, cela ne rimerait à rien d’intégrer des feux de signalisation intelligents, étant donné le peu de cas que ses habitants font du code de la route...

Gamiño soulève un autre problème quant au terme « ville intelligente » : l’expression laisse à penser qu’il s’agit là d’un point d’arrivée, d’un résultat final. « En réalité, il s’agit d’un cheminement qui prend des centaines d’années et qui continuera encore longtemps », dit-il, ajoutant que l’Internet des objets, l’extraction de données et les technologies de l’information sont perçus comme autant d’outils de progrès, comme la construction de routes et d'aqueducs avant eux.

« L’invention des aqueducs a permis de réduire le nombre de morts. A l’époque, nous aurions dit : la ville est devenue plus intelligente depuis que la technologie nous sert à obtenir une eau plus propre. Aujourd’hui, la technologie sert à améliorer les conditions de travail et gérer les ressources financières, avec l’utilisation des données et des politiques publiques pour rendre la vie des gens meilleure », explique Gamiño.

Un fort potentiel

Pour Marcela Cataldo, PDG de Tigo, une ville intelligente est avant tout durable, inclusive, égalitaire, participative, sûre, compétitive et centrée sur l’innovation et la science. En conséquence, il est convaincu que Bogota a le potentiel pour s’établir en tant que principale ville intelligente d’Amérique latine. Aujourd’hui, la capitale brigue le haut du classement en Colombie, et figure en sixième position dans la région.

Une certitude qui s’appuie sur l’Index 2019 Cities in Motion de l’IESE, une étude menée par la Business School de l’Université de Navarra, qui évalue l’économie, la mobilité, l'urbanisme et la technologie, entre autres, de 174 villes. Bogota a obtenu la note de 46.01 (sur 100), ce qui la place à la 117ème place du classement, plus bas que d’autres villes d’Amérique Latine comme Santiago de Chile (66), Buenos Aires (77) et Montevideo (92). En revanche, Bogota dépasse Rosario (125), Rio de Janeiro (128), Brasilia (130) et Sao Paulo (132).

D’après cette étude, Bogota pèche en terme de mobilité et de transports, de capital humain et d’empreinte environnementale. Mais malgré ce classement en demi-teinte, l’étude estime que la capitale, en constante mutation, a beaucoup de potentiel. En ce qui concerne la mobilité et les transports par exemple, l’étude prend en compte le temps passé sur la route, la longueur des lignes de métro (qui sont en construction et devraient être achevées en 2024), le nombre de vélos par foyer et l’offre en termes de vols aériens. Ceci dans le but d’améliorer les transports sur de longues distances et de faire évoluer les infrastructures et les trajets. 

Pour ce qui est du capital humain, l’étude indique que Bogota devrait se concentrer sur l’amélioration de son réservoir de talents et inciter les travailleurs en provenance de l’étranger à rester. La ville doit également concevoir des politiques susceptibles d’améliorer l’éducation en mettant en avant la créativité et la recherche. A cet effet, des aspects variés, allant de l’enseignement supérieur à l’offre en termes de musées et de théâtres, en passant par les dépenses allouées aux loisirs, ont été analysés.

Enfin, dans le cadre des problématiques environnementales, Bogota se doit de développer des stratégies qui lui permettront de répondre à ses besoins en énergie sans compromettre les ressources des générations futures. Il lui faut également concevoir des plans de lutte contre la pollution, soutenir la construction de bâtiments écologiques et combattre la crise climatique. De nombreux indicateurs ont été mesurées à Bogota, depuis les émissions de C02 et de méthane, jusqu’à l’accès à l’eau et la gestion des déchets.

De débutant à leader

Une autre étude s’avère tout aussi intéressante : Smart Cities 2025: Building a Sustainable Business and Finance Plan (« Comment construire une entreprise et un plan financier durables »). Menée par le centre de recherche ESI ThoughtLab, cette enquête classe les villes comme étant soit « au début », « en transition » ou « en tête ». Les villes les plus performantes de la région sont Buenos Aires, Lima et Rio de Janeiro, qui comptent au nombre des villes « en transition » — là où Bogota figure au rang des villes « débutantes », tout comme côté de Mexico City ou Panama. Ce qui signifie que la ville oeuvre déjà à la mise en place d’initiatives à même d’en faire une « ville intelligente ».

Selon l’étude, le futur de Bogota en tant que ville de pointe passe par l’utilisation de technologie dernier cri ainsi que par la concrétisation d’investissements judicieux d’ici 2025. A cet égard, Juan Carlos Pinzón, président de ProBogotá, pense qu’il est essentiel que le gouvernement colombien investisse dans la régulation de nouvelles technologies. Un point délicat, car comme il l’explique, il ne s’agit pas seulement de prendre en compte la rapidité avec laquelle la technologie évolue : encore faut-il trouver le juste équilibre entre un excès de régulation (qui pourrait freiner l’innovation) et, au contraire, un défaut de régulation (qui trahirait une hésitation quant au futur).

Prenons l’exemple de l’introduction soudaine de vélos et trottinettes électriques à Bogota, aux alentours du mois d’octobre 2018. Un excès de régulation aurait pu s’avérer dangereux, si les citoyens avaient décidé de ne pas porter de casque ; mais un défaut de régulation aurait également pu entraîner la disparition de micromobilité au sein de la ville. C’est pour cette raison que Pinzón estime que Bogota devrait se munir d’un Secrétariat à la Technologie, à même de prendre en charge ces questions au moment venu. 

Enfin, selon le PDG de Tigo, il est important que la Colombie s’améliore en termes de technologie 5G, qui devrait débarquer dans le pays à l’horizon 2022. « Pour moi, l’avantage de la 5G n’est pas sa rapidité mais son hyper-connectivité. Aujourd’hui, une personne moyenne dispose de cinq appareils connectés à internet. En 2050, on estime que ce nombre devrait monter à 5 000 objets, puisque même les vêtements seront connectés », déclare-t-il, avant d’ajouter que ces bénéfices pourraient aider certains secteurs comme la médecine : en effet, un spécialiste situé à Bogota serait en mesure de diagnostiquer des patients domiciliés Chocó (un sujet, appelé « télémédecine », que Cataldo maîtrise particulièrement bien). Les voitures autonomes font également partie de la conversation : cette technologie pourrait, à l’avenir, améliorer considérablement la question de mobilité. Pour Cataldo, une commande envoyée par le biais de la 4G à une voiture roulant à 60 km/h est exécutée dans un rayon de 25 mètres ; l’arrivée de la 5G réduirait cette distance à seulement 2 cm. 

Ainsi, Bogota apparaît comme une ville réunissant toutes les critères pour s’affirmer en tant que ville intelligente de pointe en Amérique latine. Pour atteindre cet objectif, il faudra encore que la Colombie se dote d’autorités à même de comprendre en quoi l'adoption de nouvelles technologies permet d’améliorer la qualité de vie de la population, et des « smart citizens » capables de renforcer des initiatives portées par les sphères publiques et privées. Tout cela en tenant compte d’un défi de taille dans un monde où tout est connecté : celui de la vie privée.



Source : El Espectador

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