Surnommée « la ville jardin », Singapour a su se faire remarquer ces dernières années grâce à ses efforts pour construire un avenir véritablement durable, mêlant innovation numérique, architecture et infrastructures vertes et réglementations strictes sur les émissions de carbone par les entreprises. Autant d’initiatives qui ont eu tôt fait d’attirer l'attention d'autres villes et pays.
Singapour figure régulièrement au palmarès des villes les plus innovantes ainsi qu’à celui des villes de pointe sur le plan environnemental. La cité-état est récemment apparue en haut du classement Green View Index, chapeauté par le MIT, qui mesure le nombre d'arbres dans différentes villes ; pour ce résultat, Singapour peut remercier ses designers et architectes, qui placent l'efficacité énergétique et la réduction des déchets au centre de la conception de logements et de centres commerciaux, par le biais d’une utilisation généralisée d’atriums, allées arborées, architecture ajourée et autres murs végétaux.
Ces efforts s’expliquent en partie par la volonté de résoudre un paradoxe géographique : si Singapour est entourée d’eau, l'île — très densément peuplée — est pourtant l'un des endroits les plus dépendants en eau. Comment, dès lors, cette minuscule cité-état dont la presque totalité de la population vit en milieu urbain, est-elle devenue un pôle mondial de l’innovation verte ?
Genèse d’une gouvernance verte
Les préoccupations environnementales jouent un rôle prépondérant dans l'histoire moderne de Singapour, en particulier depuis que la cité-état a obtenu son indépendance de la Malaisie en 1965, après avoir été sous occupation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale (et fait partie, avant cela, de l’Empire britannique).
Avant même que son développement ne soit guidé par des objectifs de durabilité, Singapour était mue par des contraintes d’autosuffisance, l’île ne disposant pratiquement d’aucune ressource naturelle propre. Il n’y a pas si longtemps, la nation dépendait encore de la Malaisie voisine pour s’approvisionner en eau, nourriture et carburant.
Aujourd’hui, Singapour ne se contente pas de trouver des solutions à ces problèmes de base : la cité-état donne véritablement le la en terme d'innovation. Voici trois manières dont Singapour s’illustre dans sa quête pour un avenir durable :
- En investissant considérablement dans la recherche : le gouvernement a récemment alloué 1 milliard de dollars à la recherche énergétique.
- En transformant l'industrie alimentaire : Singapour s’est récemment fixé comme nouvel objectif de produire 30% de sa propre nourriture localement, en incitant notamment l’innovation dans le secteur de l’AgriTech.
- En redéfinissant l'utilisation de l'eau : des décennies de planification et d'innovation ont fait des services publics singapouriens de véritables leaders mondiaux dans le domaine de la recherche sur l'eau, de sorte que la cité-état est devenue une référence en matière de gestion intégrée de l'eau. Plus de la moitié de son approvisionnement en eau provient aujourd’hui de sources originales : 20% d’eaux de pluie, 30% d’eau recyclée et 10% du dessalement de l'eau de mer.
Carottes et bâton
Singapour se concentre en outre sur la recherche de méthodes innovantes à même de combiner technologie, gouvernance et incitations financières afin de relever les défis posés par une urbanisation galopante. Lors du dernier Symposium de Singapour sur la durabilité, l’an passé, le Ministre des Finances Tharman Shanmugaratnam (également Ministre de Coordination des Politiques Sociales) a ainsi exhorté les entreprises à investir davantage dans l’innovation verte, allant jusqu’à les menacer d'éventuelles sanctions si elles ne rectifiaient pas le tir rapidement.
Quelques grands points à retenir sur la façon dont le gouvernement singapourien encourage — et fait respecter — ces mesures à destination des infrastructures vertes de la cité-état :
- Les entreprises sont invitées à investir dans des innovations moins énergivores et davantage respectueuses de l'environnement.
- Si les industries n'innovent pas, le gouvernement a déclaré qu'il comptait recourir à des sanctions « de très grande ampleur » : taxes carbone élevées et autres mesures régulatoires visant à rectifier des circuits jugés inefficaces.
- Les entreprises doivent innover dans le but de proposer de véritables alternatives dans tous les domaines où un individu peut être amené à privilégier la croissance au détriment de la durabilité.
- Avec toujours en premier plan la nécessité d’établir un écosystème durable en ce qui concerne la production et la consommation de denrées alimentaires.
« Un avenir durable ne peut pas être la responsabilité d’une génération de jeunes passionnés, à l’écoute des mouvements environnementaux ; il faut aussi que les dirigeants d’entreprises se mettent au diapason. » Tharman Shanmugaratnam, Ministre des Finances et Ministre de Coordination des Politiques Sociales
Architecture
verte
En 2005, Singapour a introduit
le BCA Green Mark Scheme, dans l’optique de mener l'industrie du bâtiment vers des édifices plus respectueux de l'environnement en évaluant toutes les construction en fonction de leur impact environnemental et de leurs performances. Selon le site officiel du gouvernement, ce dernier « vise à promouvoir la durabilité dans le secteur du bâtiment et à sensibiliser développeurs, concepteurs et constructeurs aux préoccupations environnementales lorsqu'ils s’attellent à la conceptualisation et au design d’un projet, ainsi que pendant la construction ».
- En septembre 2019, le secteur du bâtiment a reçu un coup de pouce de 20 millions de dollars pour se mettre au vert.
- La subvention, accordée par la National Research Foundation Singapore (NRF), est à destination des entreprises du Green Buildings Innovation Cluster (GBIC) créé par la Building and Construction Authority, l'administration de Singapour en charge des constructions.
- Le pôle d'innovation Green Buildings a été créé pour expérimenter, exposer et échanger des connaissances touchant aux solutions éco-énergétiques avec les parties prenantes.
- Ce cluster a soutenu à ce jour plus de 32 projets, y compris un bâtiment de six étages à très faible consommation d'énergie abritant un centre d'opérations au sein du futur méga port Tuas, qui devrait être achevé en fin d’année prochaine.
L’innovation en chiffres : depuis son lancement, la BCA a « mis au vert » près de 40% des bâtiments de Singapour et serait en bonne voie pour atteindre son objectif de 80% d’ici à 2030.
Business vert
Longtemps
perçue comme un géant de la finance et des affaires, Singapour n’a pas toujours
été naturellement associée à monde de l’écologie — n’en déplaise à ses
gratte-ciels vertigineux, ses centres commerciaux de luxe ou ses efforts
soutenus pour devenir le carrefour high-tech de l’Asie. Alors qu’il ne reste
que 10 ans pour atteindre les 17 Objectifs de
Développement Durable de l’ONU, le secteur de l’innovation et du développement durable
(à la recherche de solutions permettant de répondre aux enjeux climatiques de
notre planète) est en plein essor ; et aujourd’hui, c’est bien vers Singapour
que les regards se tournent.
Pour Edwin Chow, PDG adjoint pour l’innovation et l’entreprise chez Enterprise Singapore, innovation à la demande et durabilité sont étroitement liées : innover, c’est créer un produit ou une solution pour lesquels les gens sont prêts à payer ; ce doit être désormais la priorité pour combattre le changement climatique et viser la durabilité.
L’oeil d’ENGIE
La
ENGIE Factory APAC, basée à Singapour, a pour but d’entretenir les collaborations entre les startups et les équipes ENGIE de toute la région Asie du Sud et Australie. Sa mission : accélérer la transition vers la neutralité carbone et établir de nouvelles opportunités de business avec des entrepreneurs, en vue d’un impact maximisé.
Concrètement, cette collaboration prend les formes suivantes :
- « BUILD » : Nous sommes toujours à l’affût des nouveaux projets, équipes et idées susceptibles de changer la donne. Au cours des trois mois suivants la période de co-création entre les équipe ENGIE et les entrepreneurs, nous identifions les problématiques relatives l’énergie et aux villes intelligentes ; nous nous attelons ensuite à la conception de solutions commerciales, testées au sein même de la Factory, dans l’espace de coworking. S’ensuit la création d’une entité à proprement parler, dont nous garantissons le capital de départ, tout en affinant la pertinence du futur produit sur le marché.
- « SCALE » : La Factory ENGIE collabore avec des start-ups à forte croissance afin de développer des solutions à destination d’un marché international. Les équipes de la Factory travaillent avec les start-ups à l’élaboration et à l'exécution de projets pilotes afin de tester et valider une solution, mesurer son impact financier et définir les éventuels pistes de développement.
- « INVEST » : La troisième forme de collaboration s’effectue via le fonds d’investissements d’ENGIE New Ventures, par le biais d’investissements de capital stratégiques : en prenant des parts minoritaires dans des start-ups tech à même de compléter les activités et ressources existantes au sein du group ENGIE et stimuler l’innovation en interne. Dans cette optique, 110 millions d’euros ont déjà été investis au capital de 23 entreprises au niveau mondial, avec pour objectif d’accompagner les efforts de réinvention de business models existants et faire naître de nouvelles opportunités, dans un secteur de l’énergie en évolution permanente.