Ces innovations à l’oeuvre dans nos villes dites « intelligentes » présentent également un fort potentiel dans l’amélioration de nos services de santé en zones urbaines, comme par exemple en ce qui concerne les échanges entre patients et soignants ou encore l’accès aux informations et ressources médicales.
Exploiter ce potentiel permet de répondre à un besoin sur le long-terme : selon les estimations des Nations Unies, la proportion de la population mondiale vivant dans les zones urbaines devrait atteindre les 68% d’ici 2050. L’épidémie de COVID-19 à laquelle le monde fait face actuellement souligne par ailleurs l’aspect vital de ces innovations, alors qu’un nombre croissant d’hôpitaux et de professionnels de santé doivent affronter des difficultés sans précédent. Les technologies déployées dans les smart cities présentent des solutions concrètes pour gérer de manière proactive à la fois les urgences sanitaires et les stratégies à long-terme.
Quelques exemples internationaux permettent de se faire une idée quant à l’utilité de ces technologies pour l’amélioration de nos systèmes de santé :
Corée du Sud
Séoul se dit prête à inaugurer une « quatrième révolution industrielle » ; c’est dans cette optique que le président Moon Jae-in a créé un comité spécial en charge d’élaborer une liste de recommandations portant sur l’application des nouvelles technologies à des secteurs étendus — y compris celui de la santé.
- Busan et Sejong, les projets « vitrines » sud-coréens en matière de smart cities, devraient être opérationnels d’ici 2021 : ces villes feront la part belle à l’utilisation de la Big Data, de la robotique et de l’Intelligence Artificielle pour améliorer les prestations des services publics. Le quartier Sejong 5-1 Life Zone est prévu pour fonctionner comme un hôpital géant, mettant ainsi l’accent sur la santé et la mobilité. On prévoit, par exemple, d’y effectuer la livraison de kits de premiers secours par drones interposés ; à Busan, des robots rempliront des fonctions de soignants, au sein d’un pôle de santé.
- Certaines de ces technologies sont mises à profit en ce moment même, pour tenter de contenir l’épidémie de coronavirus. Le « Smart City Data Hub », un outil qui analyse les données urbaines, a été utilisé lors d’études épidémiologiques en vue d’obtenir et de vérifier des données liées aux patients atteints par le COVID-19 et d’ensuite retrouver ceux avec qui ils ont pu être en contact. Un procédé d’habitude fastidieux, considérablement simplifié par l’utilisation de cette plateforme unique. En une semaine, le nombre de cas confirmés est passé de 900 à environ 90 par jour, sans même avoir besoin de recourir à des mesures de confinement ou d’isolation volontaire.
États-Unis
Selon le rapport annuel de l’Association médicale américaine, les États-Unis comptent environ 6000 hôpitaux et enregistrent chaque année quelque 36,5 millions d’admissions — un défi de taille pour les organisations de santé du pays.
- Seat Pleasant, dans le Maryland, a établi un partenariat avec Amazon, Sprint, EagleForce et Freedmen’s Health afin d’initier ses 5 000 habitants à un « système de télésanté national dans le domaine de la surveillance des maladies et de la gestion des maladies chroniques ». Ce programme permettra de mettre en lien professionnels de santé et résidents et d’assurer le suivi de ces derniers, notamment les seniors.
- New York vient de lancer un concours, baptisé Accessible Mental Health Challenge, visant à améliorer l’accès aux services de santé mentale pour les jeunes de communautés défavorisées. La ville entend réunir les entreprises de tech locales et les agences gouvernementales pour inclure les jeunes de 13 à 18 ans issus de quartiers à majorité hispanique. Ces derniers pourront se servir de la technologie pour mieux comprendre les maladies mentales ou pour demander de l’aide si besoin, grâce à des outils conçus pour prendre en considération les différences linguistiques et culturelles.
Singapour
Le système de santé de Singapour doit faire face à de nombreux défis tels que l’augmentation des maladies chroniques et une population vieillissante. L’initiative « Smart Nation », lancé par le gouvernement en 2014, vise à surmonter ces obstacles, grâce par exemple aux technologies d’assistance et à la robotique pour venir en aide aux personnes âgées ou invalides, ou encore via la création de HealthHub, un portail de santé digital.
- Singapour a été l’un des premiers pays touchés par le COVID-19 mais sa réponse rapide et son utilisation de la technologie lui ont valu les louanges de l’Organisation Mondiale de la Santé et de nombreux experts. En mars de cette année, la cité-état a lancé une application appelée TraceTogether qui permet d’identifier les individus ayant pu être en contact avec des porteurs du coronavirus. Singapour a également créé un compte WhatsApp à l’échelle nationale et mis au point un système de chatbots à même de répondre efficacement aux interrogations des habitants.
- Toujours soucieuse du bien-être de ses habitants, Singapour inaugurera, en avril prochain, la cinquième édition de son « National Steps Challenge » : un programme d’activité physique visant à encourageant l’ensemble de la population singapourienne à bouger davantage. Les participants reçoivent un appareil connecté leur permettant de comptabiliser leur nombre de pas et de garder un oeil sur ce qu’ils mangent.