Pierre-Yves Nury : Si je devais résumer ce que fait e-attract, je dirais que nous digitalisons l’offre des territoires, et l’agrégeons dans une base de données qui permet de décrire ces territoires dans toutes leurs composantes : sociales, économiques, de flux, etc…
Nous utilisons cette base de données pour créer des applicatifs qui permettent de répondre à des besoins ciblés . Le premier de ces applicatifs s’appelle vivrou.com et permet à chaque citoyen de trouver son lieu de vie idéal, en fonction de ses envies et besoins.
Comment ça marche ? Chacun d’entre nous a des contraintes, des envies, des besoins, en fonction de son âge, de sa personnalité ou de sa situation familiale. A l’aide de tous ces critères et de la base de données que nous exploitons, Vivrou.com va organiser le matching entre la caractérisation fine des territoires (à l’échelle du quartier voire en dessous) et le profil des personnes.
Nous sommes donc une plateforme agrégative de données sur les territoires, mais nous sommes aussi producteurs d’algorithmes et d’intelligence artificielle pour organiser ce matching entre citoyens et territoires.
En synthétisant, on pourrait dire que :
- nous nous positionnons comme un leader des données de territoire au service de l’attractivité
- notre but est de créer des relations personnalisées entre les citoyens et l’ensemble des acteurs du territoire, collectivités, acteurs publics, grands employeurs privés, professionnels de l’immobilier…
Nous ne nous adressons pas directement aux particuliers, mais nous travaillons en B2B2C. Nous accompagnons les grands acteurs publics et privés dans leur relation aux citoyens en développant des services qui permettent d’anticiper les conditions d’une bonne mobilité et au-delà , d’intégrer les attentes des citoyens pour construire des offres pertinentes.
On pourrait imaginer que notre service soit offert par ENGIE à ses salariés, ses clients ou ses prospects.
Vous avez choisi le matching du lieu de vie comme premier terrain d’expérience. Vous avez d’autres projets, sur les transports, la culture ou les loisirs ?
Oui bien sûr. Nous envisageons de développer d’autres services, puisque notre plateforme de données de territoire peut être utilisée pour beaucoup de choses.
Les questions qu’on se pose sur la localisation résidentielle s’appliquent aussi bien aux commerces, aux services… Nous pourrions donc d’une part descendre beaucoup plus finement, par exemple « vivre où pour un étudiant », et d’autre part élargir la gamme des services, notamment sur les commerces ou les activités. Plus globalement nous pensons que la base de données que nous sommes en train de constituer est un bon socle de la modélisation et de la programmation des territoires de demain.
Si je me rapporte à ce que je sais des métiers d’ENGIE, imaginons que vous souhaitiez créer un réseau de chaleur : vous devrez anticiper l’extension urbaine et le devenir des territoires. A partir des modèles et des données sous-jacentes de notre base, nous sommes capables d’une part de dire dans quelle mesure il est plausible qu’un quartier devienne attirant si on y implante telle ou telle infrastructure, et d’autre part de valider cette prédiction avec les données d’attractivité collectées auprès des citoyens. C’est notre ambition que d’aller vers du prédictif.
Ce que nous voyons dans nos discussions avec des groupes comme ENGIE, c’est que nous sommes en capacité de venir enrichir leurs offres, avec un service innovant en terme d’image, et qui aide salariés, clients ou prospects dans un choix structurant de leur vie.
D’où viennent vos données ?
Notre différenciation vient de notre capacité à sourcer des données dans des environnements et auprès d’acteurs différents.
L’une de nos sources est l’open data. Le plus dur dans l’open data n’est pas de collecter la donnée mais c’est de la trier et de l’organiser. Nous avons donc passé beaucoup de temps à identifier les sources, à les traiter, à éliminer, pour ne conserver que les données les plus signifiantes.
D’autre part, nous avons des partenariats avec des laboratoires de recherche et notamment avec le LAET (Laboratoire Aménagement Economie des Transports) ce qui nous permet de reconstituer des indicateurs, par exemple de prix immobiliers, ou d’avoir accès à des données de recherche. Nous valorisons la recherche publique, la production universitaire. Nous essayons systématiquement d’initier des partenariats avec les collectivités, ce qui nous permet d’accéder à des données qui ne sont pas ouvertes.
Et enfin nous sommes lauréats d’un gros appel à projets, Geofab, lancé sur le territoire transfrontalier entre la France et la Suisse, ce qui nous donne accès à toutes les données de structure comme l’IGN ou son équivalent suisse.
Pour l’instant, quel périmètre géographique couvrez-vous ?
Nous avons déjà une couverture nationale exhaustive, sur les 36000 communes françaises, à l’échelle de l’IRIS. Sur certains territoires nous collectons des données complémentaires pour enrichir les bases.
L’outil Vivrou et la plateforme de données sont conçus à une échelle nationale et nous travaillons aussi côté Suisse pour prouver que nous sommes capables de dupliquer et de nous étendre à n’importe quel pays.
Dans les années passées, on a créé des « marques » de grandes métropoles mais il nous semble que cette approche n’est pas allée au bout de sa logique, qui est de faire correspondre une offre à un client. Les territoires « vendent » des offres qui restent assez globales et la prétention d’un outil comme Vivrou c’est d’arriver à matcher chaque morceau de territoire avec chaque citoyen.
Qu’allez-vous montrer à Vivatech ? Allez-vous proposer aux visiteurs de tester le service ?
A Vivatech, nous ferons essayer Vivrou aux visiteurs. Le site est interactif, très visuel, et permet de prendre conscience du champ des possibles.
Nous nous sommes rendu compte que lors d’une recherche, les gens ne prennent pas en compte toutes les possibilités. Pour caricaturer, quand on déménage, on regarde 3 endroits. Alors que sur un simple critère d’accessibilité, il y a au moins 200 communes accessibles à moins de 30 - 45 mn, surtout dans des métropoles desservies par des transports en commun.
Nous pensons que nous pouvons aider les gens à faire de meilleurs choix.
Qu’espérez-vous de Vivatech?
Nous sommes ravis d’être invités et nous espérons avant tout des rencontres :
- des rencontres approfondies avec le groupe ENGIE, bien sûr
- des rencontres avec d’autres opérateurs : banquiers, assureurs téléphonie…
Ces rencontres ont bien sûr pour finalité de développer du business ! Nous voudrions lancer des projets avec chacun de ces partenaires, ou de manière croisée, en rapprochant des partenaires complémentaires pour une diffusion élargie et ciblée de vivrou.
Nous serons aussi en veille, puisque pour nous vivrou, n’est que le premier produit d’une longue série et qu’il nous faut capter des idées, des technologies existantes pour élargir notre offre.
Et bien sûr, Vivatech est certainement le bon endroit pour gagner un peu de visibilité !
Pour vous l’avenir sera ?
Pour nous, l’avenir sera citizen centric !
L’avenir c’est une ville et des territoires centrés sur l’utilisateur et sur l’usager. Pour cela, il faut mettre la donnée au service des citoyens, et ainsi mieux les comprendre, mieux intégrer leurs attentes, pour dessiner des offres et des territoires attractifs.
Notre ambition est de remettre la donnée au service de la décision individuelle et dans le même temps, en agrégeant ces décisions individuelles, d’aider les territoires à devenir plus attractifs.
Et nous espérons que notre avenir est d’être un acteur référent dans ce domaine et devenir le trait d’union entre les citoyens et ceux qui font les territoires de demain.
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