« Les cavités salines sont les plus prometteuses pour stocker en sous-sol des énergies renouvelables »
En France, la consommation de gaz naturel est de l’ordre de 500 000 gigawattheures (GWh)par an, soit l’équivalent de la production de 70 réacteurs nucléaires. On imagine volontiers ce gaz venir tout droit d’un gazoduc ou d’un méthanier, mais ce n’est pas le cas. En hiver, plus de la moitié du gaz provient des sites de stockage souterrain dans lequel le gaz naturel a été stocké au préalable pour prévoir les pics de consommation.
Valable aussi pour le fuel et le pétrole, cette pratique de stockage éprouvée depuis des décennies offre la possibilité de stocker des volumes très importants, de façon sûre et économique, avec une faible emprise au sol. Concernant le gaz naturel, un tel stockage massif est indispensable notamment pour lisser la demande sur l’année. En France, le stockage du gaz naturel est concentré sur 14 sites répartis sur le territoire et se distingue par deux types de nature : un milieu poreux ou une cavité saline (voir la figure ci-contre).
En France, quatre sites de stockage de gaz naturel en cavités salines totalisent une cinquantaine de cavités de 50 000 à 600 000 mètres cubes et une capacité de stockage cumulée de 12 000 GWh. Ce type de stockage offre un grand potentiel pour de nouvelles formes d’énergie, non fossiles cette fois.
« ENGIE Campus, le futur siège d’ENGIE, à la Garenne-Colombes, près de Paris, sera équipé d’un système de chauffage et de climatisation adossé à un stockage d’énergie thermique en sous-sol, dans un aquifère. »
Enfin, ce serait de l’ordre de 15 GWh en stockant de l’électricité dans une Station de transfert d’énergie par pompage (STEP). Le principe est de stocker de l’électricité à la façon d’un barrage : de l’eau mise en réserve en hauteur (elle a été au préalable pompée) actionne des turbines quand elle rejoint un réservoir situé plus bas, ici dans le sous-sol.
Plutôt que de stocker des gaz ou des liquides, pourrait-on stocker de la chaleur ? C’est le sens de l’idée d’UTES (pour Underground thermal energy storage). De tels systèmes participeraient au chauffage et à la climatisation d’une maison particulière jusqu’à plusieurs bâtiments.
Dans le cas des ATES (A pour Aquifer), une boucle d’eau est ouverte sur un aquifère situé de 40 à 300 mètres de profondeur : en hiver, l’eau chaude est soutirée de l’aquifère grâce à une pompe à chaleur, puis, une fois refroidie, réinjectée au niveau de puits « froids ». Un circuit inversé assure la climatisation. Ce type de stockage est déjà largement déployé aux Pays-Bas et en Suède, mais l’est encore peu en France.
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Avec des BTES (B pour Borehole), les échanges thermiques se font au sein d’une boucle fermée par le biais de sondes géothermiques forées au sein de niveaux géologiques qui ne sont pas aquifères.
En fin de compte, à court terme, les cavités salines apparaissent comme une solution pertinente pour stocker des énergies renouvelables. Elles sont actuellement testées, à différents degrés de maturité, pour le stockage de méthane de synthèse, d’hydrogène, d’air comprimé, ou dans des dispositifs de batteries à flux. À plus long terme, le stockage en milieu poreux serait lui aussi sollicité, sous réserve de lever certaines interrogations techniques et environnementales.
Pour assurer la transition énergétique et en particulier pallier le problème de l’intermittence des énergies renouvelables, le stockage semble indispensable. Qu’il soit souterrain, c’est-à-dire invisible, est assurément un atout.
ENGIE pourrait se doter d’un des premiers systèmes de ce type pour son nouveau siège la Garenne-Colombes, près de Paris. Il sera équipé d’un système de chauffage et de climatisation adossé à un stockage d’énergie thermique en sous-sol, dans un aquifère. |
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