Faire du camion électrique le roi de la route

En préambule, pouvez-vous nous rappeler la raison d’être d’ENGIE Vianeo ? 

Le groupe ENGIE est leader de la transition énergétique : c’est donc tout naturellement qu’ENGIE Vianeo, la marque du Groupe dédiée à la mobilité électrique, a pour ambition de décarboner les transports routiers. Vianeo développe un réseau de haute puissance et de haute qualité pour permettre aux utilisateurs de tous types de véhicules électriques d'avoir une recharge qui soit la plus simple et la plus fluide possible, depuis le développement d’une application pour trouver les bornes jusqu’à leur utilisation, tout en étant transparent en termes de prix. Mais notre contribution ne s’arrête pas à la mise en place de ces bornes de recharge : nous intervenons depuis les études de marché jusqu’à l’approvisionnement en énergie, en passant par l’estimation des flux, la conception des stations ou encore leur maillage sur le territoire. Nous accompagnons aussi les nouveaux électromobilistes dans la prise en main de leur véhicule. C'est vraiment le cœur de notre activité : proposer un accès à l’électromobilité simple, transparent et engagé - notamment du fait que toute l’électricité de notre réseau de bornes est verte. 

La problématique est-elle la même pour les véhicules légers et les poids lourds ?

Les bornes de recharge sont différentes, mais il y a des sujets communs aux deux, comme la technologie du véhicle-to-grid (V2G), qui permet alternativement aux véhicules de recevoir de l'énergie provenant du réseau électrique pour se charger et d'en fournir à leur tour grâce à leurs batteries, pendant la nuit, par exemple. Mais aujourd’hui, notre grand sujet, c’est la transition énergétique des poids lourds, qui sont intimement liés à la logistique industrielle. Si la mobilité lourde en France ne représente qu’1,3 % des véhicules, elle est responsable de 27 % des émissions de CO2 liées aux transports, parce qu’un camion roule tout le temps, contrairement à une voiture individuelle, qui est souvent à l'arrêt. Les poids lourds sont donc un levier majeur de décarbonation de la mobilité.  C’est pourquoi nous souhaitons proposer aux concessionnaires et aux transporteurs des solutions clés en main pour accélérer la transition de leurs flottes. A Viva Technology, nous nous adresserons tout particulièrement à eux.

Que montrerez-vous sur le salon ? 

Nous donnerons à voir un panorama assez large des perspectives à court et à plus long terme. Nous sommes en train avec APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) de développer un réseau de recharge électrique à très haute puissance destiné exclusivement aux poids lourds : c’est une première en France. Cinq stations équipées d’une borne de 400 à 500 kW, avec deux points de recharge ultra-rapide et une borne de secours, seront installées entre  Paris et Lyon. Ce tronçon devrait être mis en service avant l'été.
Il y a aussi des éléments aujourd'hui vécus comme des contraintes par les transporteurs, que nous souhaiterions transformer. Pour un transporteur, le temps de charge peut rapidement devenir une perte d’efficacité et donc de rentabilité. Certes, faire le plein d’essence prend moins de temps que de recharger son véhicule électrique, mais ce temps permet aussi de faire une vraie pause … c’est pourquoi nous travaillons avec les transporteurs pour mailler le territoire de telle sorte que le temps de charge coïncide avec la pause réglementaire de leurs chauffeurs, de 45 minutes toutes les 4,5h par exemple. 
Afin d’éviter les engorgements, et là encore les pertes de temps, nous étudions aussi des solutions permettant aux transporteurs de réserver leurs créneaux en amont. C'est tous ces éléments que nous allons montrer à Viva Tech pour faire valoir la solution électrique. Il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions ! 

Pourquoi est-ce important de participer à un salon comme Viva Technology ?

En tant que pionnier de l’innovation et de la transition énergétique, ENGIE se doit d’être présent à Vivatech. Pour la mobilité électrique en particulier, c'est important de faire de la pédagogie, car si le véhicule léger est en phase de massification aujourd'hui, le marché du poids lourd électrique, lui, est encore émergent. Il est donc très important de rassurer, de montrer que ces véhicules constituent une alternative simple, fiable, verte et économique aux camions diesel conventionnels, et que ça vaut le coup de se lancer.  L'électrique, ce n'est pas plus compliqué que le pétrole, une fois que l'on a compris comment fonctionnait la charge, les types de prises, les prix d'électricité qui varient en fonction des moments de la journée – tout comme on avait dû s’acclimater aux subtilités de l’essence et du gazole, ce que l’on a oublié.  En fait, notre rôle est de mettre en place des solutions pour lever les blocages psychologiques. Au début, le blocage était sur la borne dans le dépôt où l’on gare son camion. Donc on a réglé cela. Le nouveau blocage, c'est la recharge en dehors du dépôt, sur l'autoroute, sur les grands axes, dans les zones logistiques, à l'entrée des grandes zones à faibles émissions (ZFE). Aujourd'hui, c'est là qu'on se concentre pour répondre aux besoins de recharge à distance, en itinérance.

Sur ce site, nous parlons d'innovation. Laquelle retiendriez-vous, si vous deviez n'en retenir qu'une dans l'histoire ?

On parle souvent de l'invention de la roue comme d’une innovation essentielle. Mais un auteur, Eric-Emmanuel Schmitt, a suggéré que la route était une innovation encore plus cruciale, et je trouve sa vision très intéressante.  Parce qu’une roue dans un terrain caillouteux, ça ne sert à rien. La route parait évidente, comme si elle avait toujours existé. Et pourtant, c’est une innovation majeure, structurelle, qui a permis l’émergence de la roue, mais aussi du rail. Donc, je dirais la route !

Pour finir, parlons un peu de vos perspectives. Il y a quelques mois, ENGIE avait pour objectif de développer 12 000 points de charge électriques en France à l’horizon 2025. Où en est-on ?

Cela avance bien. Et je dirais même que nos ambitions sont aussi très concrètes en dehors de la France. Nous avons une activité déjà importante en Belgique et elle se développe en Allemagne, en Italie, en Espagne ; pour les poids lourds et les voitures, en fonction des besoins. Et au-delà de l'Europe, le groupe ENGIE opère aussi de la mobilité électrique en Australie, à Singapour, aux États-Unis. Nous sommes convaincus que c’est en portant une grande attention aux premiers essais que nous permettrons les retours d’expérience les plus favorables du marché, et ainsi que nous accélèrerons la prise de décision de l’ensemble des transporteurs. De bonnes premières expériences réussies, c’est plusieurs années d’avance dans la décarbonation des transports.