Les océans pourraient ainsi contribuer à résoudre le défi des minéraux critiques généré par les besoins massifs de nos technologies d’énergie propre telles que le photovoltaïque, les éoliennes et les batteries.
Les océans et les mers couvrent 70 % de la surface du globe. Non seulement ils permettent les flux commerciaux entre les continents, mais ils abritent une vie marine incroyablement variée et nous fournissent de la nourriture, de l’énergie, des loisirs et des lieux de vacances. Plus de 60 % de la population mondiale vit à moins de 150 km des côtes.
Les océans contribuent également à réguler le climat mondial et agissent comme un important puits de carbone à long terme. Sur les 40 gigatonnes de CO2 émis chaque année par l’utilisation de combustibles fossiles, 13 gigatonnes sont captées sur terre et environ 9 gigatonnes sont captées par les océans, soit au final une excédent annuel net d’environ 18 gigatonnes de CO2 généré par les combustibles fossiles et libéré dans l’atmosphère.
Quel que soit l’importance de nouvelles technologies offshore, protéger les fonctions vitales des océans doit être une priorité absolue.
Le potentiel des océans de fournir des solutions efficaces aux défis climatiques a fait l’objet d’une prise de conscience récemment et a conduit à la publication du Plan d’action océan-climat (PCAP) au printemps 2023.
Le plan PCAP, par exemple, décrit les actions climatiques océaniques nécessaires pour atteindre trois objectifs :
L’énergie éolienne offshore fixe ou flottante peut désormais être considérée comme une technologie mature et évolutive. De leur côté les énergies houlomotrices et marémotrices, l'énergie osmotique, l'énergie solaire flottante, le stockage d'énergie offshore à grande échelle, parmi d'autres, en sont encore aux premiers stades de développement, principalement en raison des coûts élevés et des défis techniques liés au milieu marin.
Le deuxième objectif de ce plan consiste à conserver et à restaurer les habitats côtiers et marins qui stockent naturellement du carbone ( le carbone bleu), et à étendre les aires marines protégées qui peuvent nous aider à répondre au changement climatique. Ces solutions, également baptisées géo-ingénierie ont longtemps fait l’objet de controverses, et sont même refusées par beaucoup. Pourtant, elles sont récemment revenues sur le devant de la scène. Sans une recherche suffisante sur leurs effets, positifs autant que négatifs, leur potentiel de déploiement ne peut être correctement compris. Malgré les controverses, et sous réserve qu’elles soient menées correctement, les solutions basées sur la nature peuvent présenter de multiples avantages pour répondre au changement climatique, endiguer la perte de biodiversité et contribuer à soutenir les populations et les communautés.
L'océan est une ressource, par exemple d'eau potable, et une source de minéraux. L’eau de mer contient de nombreux éléments de la Table de Mendeleïev. Les océans pourraient ainsi contribuer à résoudre le défi des minéraux critiques généré par les besoins massifs de nos technologies d’énergie propre telles que le photovoltaïque, les éoliennes et les batteries.
Des recherches sont nécessaires pour déterminer si nous pouvons extraire ces minéraux de manière efficace et pour évaluer l’impact de cette extraction sur la biodiversité océanique. Cela est particulièrement important pour l’exploitation minière en haute mer, où des minéraux seraient extraits des fonds marins. Ce processus pourrait créer des perturbations locales dans les écosystèmes et doit être compris de manière suffisamment détaillée avant de se lancer dans des investissements à grande échelle.
Avant toute adoption massive de technologies offshore, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre leur impact.
Les méthodologies actuelles d’analyse du cycle de vie et d’évaluation de l’impact social permettent de calculer l’empreinte de la mise en œuvre de solutions technologiques. Ces méthodologies se concentrent sur la compréhension des charges liées à leur mise en œuvre. Mais nous devons également développer des méthodologies qui nous permettent d’estimer leur empreinte sociale et environnementale, c’est-à-dire les bénéfices qui en découlent.
Il n’existe aujourd’hui aucune étude évaluant de manière exhaustive les impacts positifs et négatifs des technologies marines émergentes sur les écosystèmes terrestres et aquatiques où elles sont déployées. Les inconvénients et les avantages sont représentés respectivement par une empreinte de pas (négative) et une empreinte de main (positive). La comparaison de ces empreintes négatives et positives peut aider à la prise de décision. C’est une première étape vers une évaluation complète de la socio-durabilité des activités et technologies marines existantes ou nouvelles.
Nous vivons dans un monde où la dimension géopolitique préempte les sujets et peut conduire aux affrontements. Parce qu’il concentre les enjeux et les ressources, l’océan est appelé à devenir l’un des espaces clés de cet affrontement. Il faut garder à l’esprit que cette dimension aura très probablement un impact majeur sur les choix et les évolutions technologiques futurs.
La clé du succès de la transition énergétique réside dans la prise de conscience que toutes ces technologies devront interagir. Il n’existe pas de solution miracle ou unique. L’avenir sera un système de systèmes et de technologies interconnectés. Le chemin à parcourir est trop complexe et trop gourmand en ressources pour qu’une seule entreprise, une seule industrie, un seul pays ou même un seul continent puisse fournir le type de solutions efficaces dont le monde a besoin.
Ce qui est tout aussi évident, c’est que les océans joueront un rôle essentiel dans la réalisation de nos objectifs climatiques. A fortiori, ne pas atteindre nos objectifs climatiques détériorera les fonctions cruciales qui sont celles de nos océans.
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