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L'avenir énergétique est pluriel  #1/3
Podcasts 30/04/2024

L'avenir énergétique est pluriel #1/3

Nous vous proposons une série de 3 articles écrits à partir de la transcription d'un podcast enregistré par Jan Mertens, Chief Science Officer d’ENGIE qui s’entretenait avec Karel Volckaert, COO of Itinera, un Think Tank belge. 

Nous aurons besoin d'hydrogène ou de molécules vertes pour bon nombre d’industries et d’usages difficiles à électrifier directement.

Je pense donc que l’hydrogène sera extrêmement important, mais dans de nombreux cas plutôt comme intermédiaire par rapport à une autre molécule pour laquelle nous pouvons utiliser les infrastructures existantes.

Karel Volckaert

La transition énergétique/défossilisation implique-t-elle pour vous un choix technologique ?

Jan Mertens

Je pense que nous allons avoir besoin de presque toutes les technologies disponibles. Je dis toujours que l'avenir repose sur le mot « ET ».

Je déteste les discussions en noir et blanc sur l'énergie, pour ou contre le nucléaire, pour ou contre l'hydrogène, pour ou contre le photovoltaïque. Je pense que la question devrait être « Dans quel contexte et dans quelle situation telle ou telle technologie est-elle la plus utile ? » Nous allons avoir besoin de toutes ces technologies.

Karel Volckaert

Supposons que les choses ne fonctionnent pas. A quoi cela sera-t-il dû ? Pouvez-vous faire ce genre d’analyse pré-mortem ?

Jan Mertens

Ce ne sera certainement pas à cause de la technologie et nous ne pourrons pas utiliser le manque de technologies comme excuse. Ce qui est important, c'est avant tout le cadre réglementaire des nouvelles technologies, comme par exemple autour de l’hydrogène. Utiliser de l’hydrogène et du CO2 pour fabriquer des carburants électroniques : le contexte réglementaire n’est pas encore très clair, alors que nous en avons un besoin urgent. Et la deuxième chose, qui est liée, concerne également les modèles d’affaires pour bon nombre de ces nouvelles technologies. Actuellement l’écart de coût entre la nouvelle technologie et l’alternative fossile est trop grand.

Pour ce qui est de l’électricité renouvelable versus l’électricité fossile, l’écart a été comblé. Nous devons maintenant essayer de combler au plus vite l’écart pour les nouvelles technologies. Hydrogène, e-carburants, batteries… nous devons clôturer le business plan et les affaires réglementaires doivent suivre pour faire décoller ces projets, d'abord en les démontrant puis en les développant le plus rapidement possible.

Si on parle d'hydrogène ou de e-carburants, où sont les blocages ? En particulier pour l’hydrogène vert fabriqué à partir d’électricité renouvelable. Nous disposons de plus en plus d’électricité verte en Belgique, mais le prix reste important. Le prix de l’hydrogène est dominé par deux facteurs : le prix de l’électricité, et le prix de l’électrolyseur lui-même, le capex. Le coûts des électrolyseurs peut être résolu par la montée en puissance de la filière. Quand on regarde ce qui s’est passé avec le photovoltaïque et l’éolien, je suis assez optimiste à ce sujet.

La question en Europe occidentale est toujours la suivante : « Allons-nous réussir à faire baisser le prix de l’électricité verte renouvelable suffisament pour pouvoir ensuite la transformer en hydrogène ?Car non seulement nous devrons fabriquer de l’hydrogène, mais nous allons aussi de plus en plus électrifier. Nous devons électrifier tout ce qu’il est possible d’électrifier. Nous allons donc être en concurrence avec de nombreuses industries, pas seulement pour nos voitures, car les industries vont aussi s'électrifier de plus en plus. La vraie question est donc de savoir si il nous restera  suffisamment d'électricité verte à un prix abordable pour produire cet hydrogène vert en Europe. En produisant de l’hydrogène, on perd 40 % de l’électricité utilisée, mais nous aurons besoin de cet hydrogène ou de molécules vertes pour bon nombre d’industries et d’usages difficiles à électrifier directement. 

Karel Volckaert

Mais si nous devons les obtenir ailleurs dans le monde, il va falloir commencer à parler de compression, de transport. Et je ne pense pas que ce soient des étapes bon marché dans la chaîne de valeur.

Jan Mertens

Comme je le dis souvent, il ne faut pas décarboner, mais défossiliser. Revenons sur l’analyse économique de la production d’hydrogène au Moyen-Orient. On y a accès à de l’électricité photovoltaïque bon marché, que l’on convertit en hydrogène. Mais il faut encore l’acheminer ici, en Europe. La liquéfaction de l'hydrogène est possible, mais le problème est que la technologie dont nous disposons est incroyablement coûteuse et que nous perdons jusqu'à 35 à 40 % de notre contenu énergétique lors de la liquéfaction. Nous n’avons pas non plus les bateaux pour l’acheminer ici. L’hydrogène liquide sera bien entendu important si la distance de transport n’est pas trop longue. Mais entre Moyen-Orient et l’Europe, je ne pense pas que l’hydrogène liquide soit la meilleure option. Ce qui pourrait être une bonne option serait de convertir l’hydrogène du Moyen-Orient en méthanol, en méthane, en acide formique, en ammoniac ou en gaz comme le méthane, que nous importons déjà aujourd’hui dans leur version fossile. 

Nous perdrons la plus grande partie de l’énergie dans la production d’hydrogène, car celle-ci n’est efficace qu’à environ 60 %. Nous perdrons encore 10 à 15 % d’énergie en convertissant cet hydrogène dans ces autres molécules, mais souvent sous forme de chaleur que nous pouvons ensuite encore valoriser, par exemple pour faire fonctionner une unité de captage direct de l’air pour en extraire le CO2. Je pense donc que l’hydrogène sera extrêmement important, mais dans de nombreux cas plutôt comme intermédiaire par rapport à une autre molécule pour laquelle nous pouvons utiliser les infrastructures existantes. Alors que pour l’hydrogène, nous devons déployer des infrastructures complètement nouvelles.


Un mot de Jan Mertens

J'ai eu le grand plaisir de m'entretenir dans un format podcast, ce qui était plutôt nouveau pour moi, avec Karel Volckaert, COO d'Itinera, un célèbre Think Tank belge. 

Nous avons parlé de la transition énergétique et des défis climatiques en général. J'ai vraiment apprécié l'atmosphère ouverte dans laquelle s'est déroulée la conversation. Le fait que nous n’ayons pas décidé ni préparé les questions à l’avance a conduit à une discussion spontanée et informelle. J'espère que vous pourrez ressentir cette spontanéité dans le a traduction française ci-dessous. Si vous comprenez le néerlandais, le podcast d’origine peut être écouté ici :

The Future is the AND. Karel Volckaert spreekt met Jan Mertens, wetenschappelijk directeur Engie groep - Itinera Talks | Podcast on Spotify

J’espère que vous apprécierez cette transcription. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter en commentaire.

Jan Mertens

Chief Science Officer ENGIE Research And Innovation

Professor at University of Ghent

Ecouter le Podcast (en NL)  ou lire les autres articles de la série en français : 2 - Des émissions aux ressources et 3 - Loving the alien : pourquoi nous ne voulons pas de zéro carbone

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