La science appartient à tout le monde !

Pouvez-vous nous dire quelques mots pour vous présenter ?

D’origine ivoirienne et de nationalité belge, j'ai grandi en France où j'ai fait mes études. 

Je suis ouvert et sociable, j'aime passer du temps en famille et avec mes proches, et faire de nouvelles connaissances. Volontaire et motivé, je m’investis à fond dans tout ce que j’entreprends, que ce soit un projet ou une initiative. 

Ce que je déteste le plus, c'est l'injustice, l'hypocrisie, l'égoïsme et l'intolérance.

Quel a été votre parcours avant d'arriver au Lab Crigen ?

Après un bac scientifique, j'ai intégré l'Université d'Orléans pour des études en sciences de la matière. C’est au cours de ces études que j'ai développé une réelle passion pour la physique, en particulier la physique statistique. Cette découverte m’a conduit à poursuivre un master en modélisation et simulation pour l’ingénierie et la physique. A l’issue de ce master j'ai fait un stage au CRCD, le Centre de Recherche Claude Delorme d’Air Liquide.

Au cours de ce stage, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes inspirantes qui ont éveillé en moi une véritable passion pour la recherche scientifique. Cette expérience m’a donné l’envie de poursuivre dans ce domaine, j’ai ainsi saisi l’opportunité de réaliser une thèse de doctorat à l’Université de Liège, en Belgique.

Le sujet proposé était à la fois passionnant et innovant, nécessitant une approche originale et multidisciplinaire. En 2006, j’ai donc intégré le laboratoire de Génie Chimique de cette université pour travailler sur les automates cellulaires. Mon objectif était de développer un outil de simulation 3D basé sur la méthode de Boltzmann sur réseau afin d’étudier l’écoulement d’un fluide dans des géométries complexes rencontrées en Génie Chimique.

Ce défi m’a permis de mobiliser mes compétences en mécanique des fluides et en programmation informatique, tout en explorant de nouvelles pistes de recherche. J’ai ensuite effectué un post-doctorat au Laboratoire des Échangeurs Thermiques du CEA de Grenoble où j’ai travaillé sur la modélisation des écoulements diphasiques dans les sous-marins nucléaires. Par la suite j’ai exercé en tant que consultant pour plusieurs entreprises avant de devenir auto-entrepreneur. 

Au cours de ces années, j’ai pu collaborer avec des acteurs majeurs tels que GE, Air Liquide Advanced Technologies, Siemens, Volvo, EDF R&D, ITER Cadarache et TRAPIL. Ces expériences variées m’ont permis de renforcer mes compétences techniques tout en développant une approche pragmatique et adaptée aux besoins spécifiques de chaque client.

J’ai rejoint le Lab Crigen comme consultant senior spécialisé en modélisation thermo hydraulique et thermodynamique avec pour mission d’accompagner le Lab Liquéfaction dans ses projets de recherche et développement. Ces travaux portaient sur la compréhension du comportement des fluides cryogéniques lors de leur stockage et du transfert dans des réservoirs. Mon rôle consistait à mettre en œuvre des outils de modélisation numérique afin de concevoir des modèles physiques précis, capables de prédire le comportement de ces fluides, par exemple l’hydrogène liquide.

En 2023, j’ai définitivement intégré le Lab Crigen avec l’objectif de développer un outil de modélisation et de simulation numérique 1D (à une dimension). Ce logiciel baptisé CryoSimStudio a pour ambition de prédire le comportement de tous types de fluides cryogéniques dans des réservoirs de stockage, offrant ainsi une solution performante et adaptable aux besoins spécifiques des systèmes cryogéniques.

Qu'est-ce qui vous passionne dans ce que vous faites ?

J’ai une formation de physicien et mon parcours m’a conduit de la physique statistique à la modélisation numérique. Ce qui me passionne c’est la manière dont mon travail fusionne plusieurs disciplines scientifiques :  la physique, la mécanique des fluides et le codage informatique.

Le véritable plaisir pour moi c’est l’impact concret de mon travail. Savoir que les outils que je développe, parfois en collaboration, facilitent le travail de mes collègues et les accompagnent dans leurs missions est une véritable satisfaction

Une fois abouti, l’outil sur lequel nous travaillons leur permettra de mener des études pour différents clients, optimisant ainsi leur travail au quotidien.  Ce que j’aime par-dessus tout, c’est cette dynamique de collaboration.

En dehors du travail quelles sont vos passions ?

Je suis de nature curieuse et ma passion pour la physique, l’astrophysique, le codage informatique et les nouvelles technologies ne s’arrête pas aux portes du bureau. Je suis toujours à l’affût des dernières avancées, que ce soit en matière de langages de programmation ou d’innovations technologiques. En ce moment, je m’intéresse particulièrement à l’intelligence artificielle, et plus précisément au Deep Learning.

J'aime voyager à la découverte d’autres cultures. Avec ma compagne chaque année nous essayons de découvrir de nouveaux pays, de nouveaux continents. Nous aimerions aller au Japon, découvrir l’Asie. 

Je m'intéresse aussi beaucoup à la géopolitique, je lis énormément et je pratique la boxe anglaise depuis 10 ans, une discipline qui m’apporte autant sur le plan physique que mental. 

Donc beaucoup d'activités en dehors du boulot, même si ces 2 dernières années j’ai eu moins de temps libre car mon travail est très prenant.

Parmi les voyages que vous avez faits, est-ce qu'il y a un endroit qui vous a particulièrement plu ?

Oui, Montréal ! J'adore cette ville vraiment multiculturelle, accueillante et où je me sens chez moi. 

A chaque fois que nous y retournons c’est comme si nous n’étions jamais partis. On y rencontre des gens qui viennent des tous les coins du monde. 

J’apprécie ce mélange de culture francophone et de mentalité anglo-saxonne. 

Est-ce qu'il y a une petite phrase, un mantra, une devise qui est importante pour vous ?

Oui, c’est quelque chose que me disait mon directeur de thèse, Pierre Marchot. Je débarquais dans son bureau avec des idées assez farfelues et il me disait toujours : « Ne changez qu'une chose à la fois ».

Cette phrase, je la garde toujours  en tête. Dans mon travail, quand ça ne marche pas, j’ai envie de tout changer et je me souviens de ce qu’il me disait. Donc, je change une chose et je vois son comportement, et ainsi de suite, et ça m'aide beaucoup.

A l'heure actuelle, il y a moins de 30% de femmes dans la recherche et dans les filières scientifiques. Comment donner envie à plus de filles d'investir les filières scientifiques ?

Ce problème ne date pas d’hier : il plonge ses racines loin dans le passé et prend souvent naissance dans l’attitude des parents, qui ont dès le plus jeune âge des attentes différentes vis-à-vis des filles et des garçons. On encourage davantage les garçons à explorer et à prendre des risques, tandis que les filles sont incitées à être prudentes et discrètes.

C’est pourquoi il est essentiel de dire aux filles : «   Soyez curieuses ! » C’est ce que je dis à ma nièce, « sois curieuse, n'hésite pas à poser des questions. C'est en posant des questions que tu vas t'intéresser à plein de choses et si tu t’intéresses à plein de choses, peut-être que tu vas t'intéresser à la science ! Crois en toi. »

J’ai souvent constaté, à l’université comme dans le monde professionnel, que beaucoup de jeunes femmes ressentent le besoin constant de justifier leurs idées, comme si elles devaient prouver qu’elles méritent leur place. Pourtant, il n’y a pas à se justifier sans cesse ! Si vous avez confiance en votre raisonnement, les autres vous écouteront. La science appartient à tout le monde, et chacun a sa place ! 

Si vous deviez résumer votre personnalité en 3 mots ? 

Je dirais sincérité, respect et confiance.

Et j’aimerais ajouter la bienveillance. 

La sincérité, le respect pour moi c’est primordial.

La confiance aide à collaborer et il est essentiel d’être bienveillants les uns envers les autres.

Et je finirai en disant : Vive la science et ses amoureux !