Ce que je préfère en France c’est la nourriture, le pire ce sont les transports, mais je suis prête à les supporter en échange de la gastronomie française !
Je suis originaire de Kuala Lumpur, en Malaisie. Je suis arrivée à Singapour à 18 ans pour poursuivre des études d'ingénieur et j’y suis restée. Mon diplôme en poche, j'ai travaillé un an en Allemagne dans une petite société de conseil spécialisée dans l'efficacité énergétique pour l'industrie. Leur projet d'ouvrir un bureau à Singapour n'a pas abouti mais en 2014 j'ai été embauchée par Cofely à Singapour en tant qu'ingénieur en efficacité énergétique.
Cette même année, j'ai rencontré le fondateur du Lab Singapour. L'un des sujets qu'il avait identifié comme crucial pour la région était justement l'efficacité énergétique pour l'industrie et j’ai été chargée de travailler avec lui et avec plusieurs experts du Crigen pour rencontrer des clients dans la région APAC et développer des pistes commerciales. En 2016, j’ai intégré le Lab afin de me concentrer sur la construction de cette activité. Je voulais acquérir l'expertise du Crigen au sein du Lab « Industries du Futur » et étudier comment transférer cette expertise et en tirer parti dans la région.
Au cours des premières années au Lab Singapour, nous fonctionnions en mode startup et tout était à faire : créer l'entreprise, construire des projets, expliquer aux entités opérationnelles ce qu'est la R&D, ce qu'est un lab. Nous avons mis beaucoup d’énergie à nous implanter et à trouver notre place dans l'immensité du Groupe.
En 2019, ENGIE Asie Pacifique a pris la décision de créer une équipe dédiée à l'industrie et j'en ai fait partie. Dès la première année nous avons remporté plusieurs succès commerciaux et c'est aujourd'hui une des activités clés de la région.
J'ai ensuite eu l'opportunité de venir en France pour ma mission actuelle au sein du Lab Crigen.
Nous sommes maintenant 18. Nous conduisons le programme de recherche sur les Data Center écologiques et nous développons également notre expertise sur les sujets de refroidissement pour accompagner la stratégie régionale. Le projet phare du Lab Singapour est la plateforme REID-SPORE, un démonstrateur pour les réseaux énergétiques de demain, intégrant la production d’électricité verte et servant de plateforme pour le dévploiement de l'Energy Management System d'ENGIE.
Oui ! Il faut savoir que nous sommes installés juste à côté de la BU. De ce fait, en plus de nos activités de recherche, nous répondons chaque jour à leurs questions sur des sujets nouveaux et émergeants. Cela nous oblige à être dynamiques et réactifs, mais vu donné l'étendue des sujets, nous ne pouvons pas devenir expert sur chacun d'entre eux. C’est pourquoi nous devons travailler en étroite collaboration avec les autres laboratoires en Europe. Même si cette proximité avec la BU est parfois exigeante, nous apprécions la visibilité sur le marché qu’elle nous donne, qui profite à son tour à notre vision de la recherche et des projets.
Ma mission a évolué depuis un an. Aujourd’hui je me concentre davantage sur la direction générale du Lab Singapour pour me préparer à en prendre la direction. J'essaie tout de même de préserver une partie de mon temps pour participer à des projets techniques avec le Lab Industrie du Futur.
Être ici me permet de gagner de l’expérience sur les différents sujets dont je devrai m'occuper. Je m’occupe de communication, ce qui n'est absolument pas mon domaine d'expertise, je participe aux réunions des communautés RH, finance, santé sécurité et innovation. Je suis un peu partout pour acquérir une vision globale du fonctionnement d’un Lab, faire connaissance avec les représentants de chaque fonction et en définitive savoir gérer un labo de recherche.
Le fait d'apprendre et d’évoluer.
Je découvre tellement de sujets et je profite de toutes ces opportunités de voir et d'essayer différentes choses. A moi de les saisir ! Ce travail me donne le pouvoir de construire mon expertise et d'évoluer au sein de l'entreprise.
Je suppose que c'est ce qui m’a permis de rester dans le Groupe depuis 10 ans, ce qui est assez long pour quelqu'un de mon âge. J'ai passé la majeure partie de ma carrière chez ENGIE. Je sais que c'est très courant en France, mais ce n'est pas le cas en Asie.
En dehors du travail, j'aime faire du yoga. C'est une activité qui touche au physique et au mental, et qui a été essentielle pour conserver ma santé mentale face à tout ce qui se passe, dans le travail ou ma vie personnelle. Ces petits moments me permettent de me détacher d’un monde trop souvent chaotique.
J'aime aussi le badminton mais c’est difficile d’y jouer à Paris.
Et bien sûr j'adore voyager. Au cours de l'année dernière, j'ai visité 7 pays, c’est beaucoup, peut-être trop, mais j'aime ces découvertes.
En France, j'apprécie vraiment la culture et la recherche d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. La frontière entre le travail et vie privée est plus claire et cela m'a donné plus d'espace pour vivre en dehors du travail. Ce que je préfère en France c’est la nourriture, le pire ce sont les transports, mais je suis prête à les supporter en échange de la gastronomie française !
La question de leur importance ne devrait même plus se poser ! Sans elles, nous sommes condamnés.
Nous faisons face à d’innombrables problèmes dans le monde et nous sommes déjà en retard pour les aborder. Donc, pour moi, la question n’est pas celle de l’importance, il s’agit de quelque chose auquel nous devons nous atteler.
L'avenir de l'énergie sera divers et incertain. Pour moi, il est très clair qu'il n'y a pas de solution miracle. Ce n’est pas seulement une question de science et de technologies mais aussi de géopolitique et bien sûr d'économie.
L'importance de la géopolitique m'a frappé l'année dernière avec la guerre en Europe. J’ai vu l’impact que peut avoir la géopolitique sur l'énergie mais ce fut un choc pour moi de réaliser que même quand nous travaillons au quotidien sur la transition énergétique, une grande partie de l'équation est totalement hors de notre contrôle.
Cela soulève beaucoup de questions : sommes-nous vraiment impuissants ? Qui s'attaque au problème de façon globale ? Avons-nous le bon gouvernement, les bons politiciens, les bons dirigeants sur lesquels nous pouvons placer nos espoirs pour nous guider dans la bonne direction ?
Je dirais les 3 P : Progressif, Passion et Persévérance.
Progressif : aucune percée dans la recherche ne se produit du jour au lendemain. Grâce à mon passage par la R&D, j'ai découvert que les « soi-disant » percées résultent en fait d’améliorations progressives et graduelles et interviennent après de nombreux cycles de conception, de test, d'échec, d'apprentissage et d'amélioration.
Passion : Nous devons être critiques dans l'évaluation de nos recherches et des innovations sur lesquelles nous travaillons par rapport aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Mais une fois déterminés, nous devons rester fermes et concentrés sur ces sujets, sans nous laisser distraire par des sujets en apparence plus « tendance ».
Persévérance : Le chemin de la recherche et de l'innovation est forcément chaotique, avec de nombreux défis à relever et il faut du temps pour parvenir à un résultat. Un sujet ne parait peut-être pas prioritaire aujourd'hui, mais si nous attendons qu’il le soit pour travailler dessus, nous serons en retard.
"Restez affamés, restez idiots" a dit Steve Jobs dans son discours de réception à Stanford en 2005. C'est un rappel constant pour moi qu'il y aura toujours quelqu'un de meilleur ou de plus intelligent. Au lieu de perdre du temps à me comparer aux autres, l’important pour moi est ma propre croissance et comment je m’améliore moi-même : Suis-je devenue meilleure ? Ai-je grandi au cours de ce processus ?
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