L’égalité professionnelle c’est une évidence, ça devrait être normal ! Glenn
Imen
Je suis tunisienne et ingénieur électricien. Je suis arrivée en Belgique en 2019 pour travailler chez Laborelec. J'ai un doctorat en génie électrique, spécialisé en électronique de puissance.
Après avoir terminé mes études, j'ai cherché un emploi à l'étranger. J'ai trouvé du travail dans un cabinet de conseil. Laborelec a été le premier client pour lequel j’ai travaillé et quelques mois plus tard j'ai rejoint l'équipe.
Glenn
J'ai un diplôme en génie électrique, spécialisé dans les automatismes – donc pas spécifiquement lié au secteur de l'électricité. Pendant 17 ans, j'ai travaillé dans le département ingénierie d'une entreprise qui fournissait des sous-stations HT/MT mobiles clés en main, conventionnelles et offshore, dans le monde entier. En tant qu'ingénieur de projet, je supervisais les projets de la phase d'appel d'offres jusqu'à la mise en service et la mise sous tension.
Il y a trois ans, l'entreprise a fait faillite et j'ai dû chercher autre chose. J'ai passé deux ans à la raffinerie Total à Anvers, à travailler sur la modernisation des sous-stations de la raffinerie.
Un recruteur de Laborelec m’a contacté et j’ai été embauché en mai 2022. Je suis donc un peu un nouveau venu.
Imen
Notre équipe fait partie du département Matériel Electrique. Nous sommes tous experts de différents éléments du réseau. Glenn et moi sommes des experts en appareillage de coupure de moyen voltage.
Nous touchons à toutes les problématiques liées à l'équipement tout au long de sa durée de vie. Cela comprend la construction, la conception, l'homologation pour une utilisation sur le réseau belge, le vieillissement et la fin de vie. Le travail est différent en fonction de ces différentes phases. Il comprend un volet théorique lié à l'analyse des rapports de repos et au respect des normes et spécifications, mais aussi un côté pratique : en cas d'incident sur le réseau, on nous demande souvent d'effectuer une analyse des causes profondes ou de réaliser des tests d'investigation.
Nous réalisons également des études basées sur certains paramètres de l'appareillage de commutation. Le travail a donc un côté pratique et un côté théorique, et combine parfois les deux.
Glenn
Je suis assez nouveau dans l'entreprise, j'ai donc travaillé principalement sur des projets de recherche et des analyses de causes profondes d'incidents.
Imen
Il y a trois personnes dans l'équipe et nos rôles se complètent. Par exemple, Glenn a plus d'expérience dans les dispositifs de protection basse tension et j’ai eu besoin de sa contribution sur un projet récent. Pour ma part, j'ai eu l’occasion de travailler sur des problématiques de moyenne tension durant mes quatre années au sein de l'entreprise. Nous sommes donc vraiment complémentaires.
Imen
Dans mon cas, ce n'est pas seulement la question d'être une femme dans l'industrie. C'est être une femme, une étrangère et relativement jeune par rapport à certains de mes collègues qui ont plus de 20 ans d'expérience. C’est le fait d’être tout ça en même temps qui peut parfois être délicat.
Je ne dirais pas que c'est un obstacle. Lorsque je rencontre des gens pour la première fois, que ce soit des collègues ou des clients, je sens qu'ils apprécient mes efforts et m’encouragent. Mais c’est essentiel pour moi de me bâtir une solide réputation. Je veux être sure que les gens ne pensent pas que je suis ici juste pour améliorer les statistiques sur le ratio hommes /femmes.
Donc je ne dirais pas que c'est un obstacle d'être une femme. Je me sens soutenue. Mais j'ai aussi besoin de sentir que je suis respectée pour mes connaissances, mes qualifications, ma contribution et ce que j'apporte à l’entreprise.
Glenn
Ce n'est pas quelque chose auquel j'ai beaucoup pensé dans le passé, probablement parce que je suis un homme. Je ne peux pas dire si c'est un obstacle ou un atout. Mais c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de femmes dans ce secteur.
Je ne pense jamais en termes de genre. Ce sont des personnes avec qui je dois composer – et tout le monde est différent. Je ne dirais pas que je ne peux travailler qu'avec des hommes, ou qu'il vaut mieux travailler avec des femmes. J'ai connu des hommes et des femmes avec qui il était difficile de travailler, mais je n'ai jamais considéré cela comme une question de genre.
Imen
Cela signifie avoir les mêmes opportunités, la même chance de réussir, et mener une carrière basée uniquement sur ses connaissances, qualifications et savoir-faire, indépendamment de tout ce qui est directement personnel comme la race, le sexe ou la religion.
Glenn
C’est une évidence, ça devrait être normal !
Imen
Pendant ma thèse, le laboratoire était composé à 85-90% de femmes, incluant les doctorants, les encadrants et la directrice.
La première fois que j'ai été confronté à ce problème, c'était lors de mon premier emploi à Dubaï. Je travaillais pour une multinationale et ma première semaine là-bas a eu lieu à peu près au moment de la Journée internationale des femmes. L’entreprise avait organisé une conférence sur l'égalité professionnelle et le ratio 50/50 qu’elle visait. Je venais d’arriver et j'étais la première femme ingénieur de mise en service de l'entreprise. Durant la conférence, ils ont commencé à me poser des questions.
Cela m’a bouleversée, car j’ai réalisé à ce moment la chance que j’avais eue de n’avoir jamais été confrontée à ce type de questionnement auparavant. Les RH et mon responsable ne savaient pas comment interpréter ma réaction émotive. Finalement, j'ai eu l’impression que l’une des principales raisons pour lesquelles j'avais été embauchée était parce que j’étais une femme, et j'ai démissionné.
Glenn
Dans notre secteur, c'est un fait qu'il y a plus d'hommes que de femmes. Je me souviens d’une occasion où une entreprise a essayé d'augmenter le nombre de femmes parmi ses employés. Une candidate a été embauchée qui n'était pas la personne idéale. Et puis, bien sûr, la rumeur a commencé à gonfler qu'elle n’avait été embauchée que parce qu'elle était une femme. S'il s' était agi d'un homme, personne ne se serait posé la question de son sexe, cela aurait juste été une mauvaise embauche.
Imen
Pour moi, c'est avant tout l'impact réel de notre travail. L'expertise de Laborelec est extrêmement précieuse pour nos clients.
Mais ce que j'aime le plus, c'est apprendre. Quand j'ai commencé ce travail, je ne connaissais pas grand-chose aux switch gears. C'était difficile au début, mais plus j'apprenais, plus il devenait facile d'en apprendre toujours plus et plus vite j'appréhendais les choses.
Chaque jour est meilleur que le précédent, et pour moi, c'est la chose la plus excitante à ce stade de ma carrière.
Glenn
Dans mon travail précédent, j'ai passé 18 ans à considérer les choses d'un point de vue global. Maintenant, je peux approfondir mes connaissances sur ces appareillages. Même si je les ai utilisés tout au long de ma carrière, il y a encore tellement de choses que je ne connais pas sur eux !
Durant toutes ces années, j'ai eu de nombreuses discussions avec des clients ou des fabricants sur la façon d'intégrer les choses. J'ai toujours dû me battre pour défendre ma position contre des arguments non techniques tels que "Nous avons toujours fait comme ça et n'avons jamais eu de problèmes", ou "Quelle est le risque que ça se produise en même temps", ou " Tout le monde fait comme ça ».
Maintenant, je vois des cas où l'échec est dû à de simples problèmes de conception et cela confirme la façon dont je travaillais dans le passé.
Imen
Je ne dirais pas « le plus fou » – mais c’est un projet qui nous a vraiment fait rêver.
Le projet n'était lié ni à la technologie ni à Laborelec. C'était pendant les quelques mois où j’ai travaillé en Tunisie pour une entreprise qui concevait des projets en réponse à des appels d'offres européens. Le nôtre portait sur l'agriculture sociale en milieu rural à destination des femmes et des personnes handicapées.
Ce projet devait être mis en œuvre dans différents pays de la Méditerranée, avec un pilote en Tunisie. L'idée était d'augmenter les chances de ces personnes d'entrer sur le marché et d'ajouter une valeur économique grâce à leur apport. Finalement, nous n'avons pas obtenu la subvention. C'était un beau projet, mais nous n'avons pas réussi à le concrétiser.
Glenn
Deux projets me viennent à l'esprit. L'un était dans une sous-station offshore en Angleterre. C'était très excitant au début, même si cela a changé ma perspective sur beaucoup de choses. Avant cela, je pensais que si vous faisiez votre travail correctement, il serait difficile pour les gens de vous critiquer ou de vous rabaisser. Au cours de ce projet, j'ai réalisé que si des personnes ont intérêt à vous dévaloriser, elles feront tout ce qui est en leur pouvoir pour le faire, surtout s’il y a beaucoup d'argent en jeu.
C'était un boulot de dingue, techniquement parlant. Et je devais parfois partir au large, ce qui n’est pas aussi plaisant qu'on essaye de vous le faire croire. Cet exemple montre qu’il n'y a pas que les éléments techniques qui peuvent rendre un projet fou.
Un autre projet sur lequel j’ai un retour plus positif était au Ghana. La difficulté venait de la rareté des matériaux de construction et des outils qui rendait les choses très compliquées. Il n'y avait pas non plus beaucoup de confort. Mais je revenais toujours de ces missions avec un bon feeling, ce qui manquait au projet offshore. Donc un autre projet fou et difficile, pour des raisons différentes, et qui m'a laissé un meilleur souvenir.
Abonnez-vous à la Newsletter ENGIE Innovation