On estime que l’exploitation
des marées pourrait générer environ un térawatt d’énergie, soit assez pour
alimenter quelque 10 milliards d'ampoules de 100 watts.
Les installations marémotrices se multiplient dans le monde. En Europe, région
jouissant de la plus grande capacité hydraulique, la quantité d’électricité
produite par l'énergie marémotrice a augmenté de 15 gigawattheures en 2019,
portant le total à 49 GWh.
Ailleurs, l'Australie, le Canada, le Japon, la Corée et les États-Unis font
partie des pays qui investissent dans ce type d’énergie.Pourtant, l’énergie marémotrice n’est toujours
pas considérée comme une énergie renouvelable qui soit économiquement viable.
Et ce pour deux raisons principales : le manque de lieux propices à la
construction d’installations marémotrices ; et la complexité de construction de
ces infrastructures sur des mers agitées.
Pour répondre à ces défis, de nouvelles
technologies sont en cours de développement pour faire évoluer l’énergie
marémotrice. Voici un aperçu de la situation actuelle — et des dernières
innovations en date :
(credit: Scottish Government)
COMMENT ÇA MARCHE ?
L'énergie marémotrice est une source d'énergie
renouvelable générée par la montée et la descente naturelles des océans en
raison des forces d’attraction de la lune et du soleil, ainsi que de la
rotation de la terre. Il existe actuellement trois méthodes principales pour
capter l'énergie marémotrice :
- L’usine marémotrice : Cette méthode consiste à
construire un grand barrage dans lequel le flux de l’eau entraîne des turbines
similaires à celles utilisées pour la production d'énergie éolienne. Les portes
du barrage s'ouvrent lorsque la marée monte et se ferment à marée haute. L'eau
est ensuite relâchée via les turbines du barrage pour générer de l’énergie en
retournant vers l'océan. Ces barrages peuvent être construits le long de
fleuves ou au sein de baies et autres estuaires traversés par des courants de
marée.
- Les courants de marée : Les turbines sont ici
installées directement dans un cours d’eau rapide, créé naturellement par la
marée, ce qui élimine ainsi le besoin de construire un barrage.
- Les lagunes littorales : Une lagune est une
étendue d'eau qui est en partie séparée de la mer par une barrière naturelle ou
artificielle. Les turbines captent l'énergie lorsque le plan d'eau, qui est
partiellement fermé, se remplit et se vide. Les lagunes littorales sont
toutefois peu répandues et génèrent moins d’énergie.
LES
AVANTAGES DE L'ÉNERGIE MARÉMOTRICE
- Une énergie prévisible : Contrairement aux
énergies solaires et éoliennes, inefficaces par temps couvert ou sans vent, les
marées cycliques basses et hautes sont faciles à prévoir. Certains systèmes de
turbine permettent de récupérer l'énergie à la fois lorsque la marée monte et
quand elle redescend, pour une production d’énergie en continu.
- Une durabilité élevée : La durée de vie des
installations marémotrices peut atteindre 100 ans, soit près de quatre fois
celle d’un panneau solaire. Les usines marémotrices, et en particulier le type
d’infrastructure le plus répandu (de longs barrages en béton généralement
construits sur les estuaires), pourraient donc s’avérer plus économiques que
les centrales éoliennes et solaires, une fois déployées à grande échelle. En
France, l’usine marémotrice de La Rance en Bretagne produit de l'électricité
pour la région depuis 1966.
- La rentabilité : En raison de la haute densité
de l'eau, les systèmes d'énergie marémotrice sont capables de produire de
l'énergie même lorsque les marées ou courants sont relativement faibles.
- Une protection contre les tempêtes : Les
infrastructures marémotrices pourraient en outre permettre de réduire les
risques d’inondations côtières provoquées par les tempêtes. Bien que des
recherches supplémentaires soient nécessaires pour évaluer leur impact plus en
détail, une étude de 2019 publiée dans le Journal of Ocean Engineering and Marine
Energy indique que ces installations pourraient avoir un effet
significatif si elles fonctionnent correctement.
PROJETS
EN COURS
- Stocker l’énergie marémotrice
: En Écosse, une initiative du Centre européen de
l’énergie marine prévoit d’associer l’énergie marémotrice avec des batteries à flux au vanadium afin de produire de l’hydrogène vert
en continu. Situé sur l’île d’Eday, dans les Orcades, le système stockera
l’énergie générée par les turbines marémotrices en période de forte puissance
pour la libérer en période de faible production, créant de l’électricité à la
demande à même de produire de l’hydrogène, grâce à un électrolyseur de 670 kW.
- Un premier projet aux
États-Unis : À New York, Verdant Power, spécialisé
dans l’énergie marine, a décroché le premier permis d’exploitation commerciale
du pays pour une centrale marémotrice. Un ensemble de trois turbines
a été installé sur l’East River et fournira de l’électricité verte à Roosevelt
Island. Cette distribution est rendue possible grâce à une connexion du système
au réseau électrique local assuré par Consolidated Edison.
- Du marémoteur flottant : Au Canada, l'entreprise Sustainable Marine a développé un prototype de plateforme hydrolienne flottante,
testé pendant deux ans dans les eaux de Grand Passage en Nouvelle-Écosse. Après
évaluation complète de la période d’essai, l’installation n’a révélé aucun
impact négatif sur la faune et la flore marine ; la construction de trois
plateformes est programmée pour 2021. Ces dernières devraient fournir près de 9
MW d’électricité renouvelable au réseau de la province canadienne.
- Un savant mélange : Une douzaine d’entreprises de la tech, venant des quatre coins de la
planète, planche actuellement sur l’idée d’associer les énergies houlo- et
marémotrices à des parcs éoliens offshore déjà en place. Selon elles,
l’utilisation d’une même installation flottante comme socle commun pour
plusieurs technologies permettrait d’augmenter le volume de production par
unité de surface. L’Américain Excipio Energy a,
par exemple, conçu une plateforme accueillant en même temps des technologies de
conversion pour les énergies éolienne, marémotrice, houlomotrice, d’amarrage et
thermique : Fusionner ainsi les sources d’énergie apporterait notamment un complément de production aux éoliennes
offshores, lorsque le vent ne souffle pas.