Ce n’est pas la bataille d'un petit nombre, c'est un choix sociétal qu'il faut assumer tous ensemble.
Après une formation en biologie marine et un master en management de l'environnement, Caroline de Zutter travaille au ENGIE Lab CRIGEN, le centre de recherche corporate du Groupe, où elle est en charge des projets liés à la biodiversité.
Elle est ravie de ce poste qui lui permet d'interagir avec des gens aussi motivés qu’elle et d'aligner son univers professionnel et ses convictions personnelles.
Avez-vous toujours voulu travailler dans la biodiversité ? Ou est-ce quelque chose qui est arrivé progressivement ?
Ma passion de départ est pour le milieu marin et elle remonte à ma petite enfance. Depuis toujours j’ai ressenti ce besoin de protéger, préserver, de mieux comprendre.
Je ne saurais pas dire où ça commence, mais déjà toute petite, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais « Je veux nager avec les dauphins, je veux étudier la mer ». C’est une vocation qui a guidé tous mes choix d'études, de carrière jusqu'à présent. Et qui se confirme parce que depuis 10 ans que je travaille sur la biodiversité, c’est toujours un engagement, une volonté, un plaisir.
Caroline, comment essayez-vous à votre niveau de changer le monde pour le meilleur ?
J'essaie de changer le monde à différentes échelles. Ça commence déjà par le choix de mon secteur d'activité et les activités que je mène aujourd'hui.
J'essaye de changer le monde en faisant changer les pratiques, en accompagnant les différents métiers du groupe dans leur propre transition. J'ai aussi la possibilité d’agir sur le monde parce que je travaille chez un énergéticien et que l'énergie est à la base de toutes les autres activités humaines, partout dans le monde.
Mon métier, la biodiversité, se joue à des échelles très variées. La biodiversité se situe au niveau génétique, au niveau des espèces et au niveau des écosystèmes. On part du très petit on va vers le macro. Ici plus encore qu’ailleurs, un petit pas pour l'homme représente un grand pas pour l'humanité.
J'essaye aussi de faire changer le monde à mon échelle individuelle, dans ma vie personnelle, auprès de mon entourage, de mes proches, j'essaie d'être un exemple pour mes enfants. C’est une autre façon de faire changer le monde, en parlant à des tout petits de la nature, en leur montrant comment et pourquoi la protéger. En somme, en leur offrant la vision du monde la plus ouverte possible.
Et enfin, dans les petits gestes du quotidien comme on peut tous le faire, sans être parfait, en acceptant ses propres ambiguïtés, ses paradoxes.
Est-ce que vous avez des exemples d'actions envers la biodiversité que vous avez pu mettre en place ?
Une chose à prendre en compte, c’est que je travaille dans la recherche, donc très en amont. Nous intervenons souvent sur des sujets peu mûrs, innovants. Et quand ça commence à rouler, que ça peut être mis en place sur le terrain, c’est le moment où nous passons la main aux opérationnels.
Il y a donc beaucoup de projets sur lesquels j'ai travaillé mais dont je n'ai pas suivi la mise en œuvre jusqu'au bout.
Par contre, ce que je vois, c'est que le nombre de projets liés à la biodiversité qu'on nous demande de réaliser a augmenté depuis 10 ans, de même que les budgets associés et le niveau hiérarchique auquel on s'intéresse à la question.
Je constate que le sujet est pris de plus en plus sérieusement en compte dans l'entreprise, de même qu'il est pris de plus en plus sérieusement en compte dans la société civile.
Je vois ces préoccupations dans mon entourage, dans les collectivités, j’écoute les politiques. Au cours de ces 10 dernières années, on est passé de « biodiversité, c’est quoi ? Encore un truc d’écolos !» à une vraie prise en compte globale. Et ces 2 dernières années, le lien entre les activités humaines et leurs impacts sanitaires et économiques est tellement flagrant qu'on a encore fait un bond en avant dans sa compréhension.
Evidemment, nous avons des projets concrets, nous faisons des diagnostics écologiques de sites industriels, nous avons des sujets sur l'impact de l'éolien ou du solaire sur la biodiversité. Aussi des projets sur la pollution lumineuse, un sujet dont on parlait encore peu il y a 3-4 ans et qui est en train d'émerger. Nous commençons à avoir des projets multidisciplinaires sur la pollution lumineuse, nous travaillons beaucoup avec nos collègues sociologues parce que c'est aussi un enjeu pour la population humaine, que ce soit en termes de sécurité ou de santé.
Quand je vois que les sujets commencent à être pris en compte dans leur complexité je me dis qu’un grand pas a été fait, que l’on va dans la bonne direction. Même si les personnes sensibilisées aux enjeux de l'environnement trouvent qu’on ne progresse jamais assez vite, les choses bougent sur des éléments aussi concrets que les budgets alloués. La semaine dernière, Catherine Mac Gregor (Directrice Générale d’ENGIE) a échangé avec la communauté biodiversité, pour moi c'est un signal envoyé aux équipes pour dire que ce sujet n'est pas un sujet annexe, ça va dans le bon sens.
Quelque chose que vous aimeriez rajouter ?
C’est important que les choses avancent à tous les niveaux. Dans l'entreprise, mais aussi en parallèle dans les politiques publiques, dans les attentes des consommateurs. On voit bien que les freins se débloquent collectivement. Si la réglementation n’impose pas un minimum d'exigence, il est plus difficile de faire avancer une filière.
Je fais partie des gens qui exercent une pression intérieure mais on a besoin de pressions extérieures, que ce soit la réglementation, les clients, les usagers et bien sûr les ONG, qui sont toujours aux aguets pour vérifier qu'on respecte bien nos engagements.
C'est très important que tous ces leviers soient activés en même temps et que bien sûr ils aillent dans la bonne direction.
Avez-vous un message que vous aimeriez faire passer ?
Pour moi, ce qui marche le mieux, c'est l'exemple, que ce soit l'exemple des parents, de la hiérarchie, des politiques. Que l’on parle de la cause féminine, de la biodiversité, de l'inclusion, ce qui fonctionne le mieux, c'est quand tout le monde montre l'exemple. Ce n’est pas la bataille d'un petit nombre, c'est un choix sociétal qu'il faut assumer tous ensemble.
Je crois beaucoup dans le pouvoir du collectif à tous les niveaux. Je pense qu'on mène tous des actions importantes individuellement, mais qu'on peut faire beaucoup plus ensemble. J’aime citer le proverbe africain « tout seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin ».
Il est vrai que parfois dans la vie, c'est important d'aller plus vite, on ne peut pas toujours tout faire tous ensemble. Parfois, on a besoin d’une avant-garde, et cette avant-garde a besoin de soutiens. En fait, on a tous un rôle à jouer.
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